5000 Lettres

Lettre 130 de Theodor Gernler à Jean-Alphonse Turrettini

Zurich 28.04.1689 [18.04.1689]

Haut vulgari me

Gernler remercie JA de ses deux dernières lettres et des remarques qu'il a faites sur sa dissertation; il essayera d'y répondre. JA s'est attaqué à la partie concernant les femmes; il les défend en disant que ce qui leur manque, ce n'est pas les qualités naturelles mais une éducation soignée. Et alors? Est-ce que cela ne fournit pas un argument ultérieur à sa thèse? JA suppose qu'elles ont des qualités naturelles, mais il ne le démontre pas. Il se demande aussi quelle éducation veut son ami pour...

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Zurich 28.04.1689 [18.04.1689]


Lettre autographe, signée, adressée. Inédite. (L)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gd.G.8


Haut vulgari me


Gernler remercie JA de ses deux dernières lettres et des remarques qu'il a faites sur sa dissertation; il essayera d'y répondre. JA s'est attaqué à la partie concernant les femmes; il les défend en disant que ce qui leur manque, ce n'est pas les qualités naturelles mais une éducation soignée. Et alors? Est-ce que cela ne fournit pas un argument ultérieur à sa thèse? JA suppose qu'elles ont des qualités naturelles, mais il ne le démontre pas. Il se demande aussi quelle éducation veut son ami pour les femmes, outre celle dont elles jouissent: elles sont éduquées parmi les hommes, les entendent discuter de toute sorte de choses, lisent des livres, tirent des échanges mondains beaucoup de connaissances, visitent parfois des pays étrangers et, plus rarement, apprennent les coutumes de ces nations. Toutefois elles restent toujours des femmes; c'est-à-dire qu'il leur manque la source, le fondement, les qualités naturelles, l'intelligence et l'aptitude à l'étude. JA pourrait objecter qu'elles veillent au bien-être de la maison; mais, en réalité, même le soin de la maison est la tâche des hommes puisque tout est géré par la grâce, et au nom des maris voire, en cas de nécessité, d'un curateur [ou d'un homme de confiance] choisi parmi les frères germains. JA ne trouve pas justes les prescriptions imposées par Paul aux femmes, sans pourtant prouver ce qu'il dit. De quelle façon, demande Gernler, la loi sainte serait-elle injuste? Comment JA peut-il prouver que cette loi n'a pas été ratifiée et confirmée par l'Apôtre? Et comment ceci s'accorde-t-il avec ce que dit Paul:"Que la femme apprenne en silence (l'impératif est utilisé au nom de Dieu), en toute soumission. Je ne permets pas aux femmes d'enseigner ni d'usurper l'autorité des hommes; qu'elles se tiennent en silence." Et pourquoi cela, sinon parce qu'Adam a d'abord été créé, puis ensuite Eve et que ce ne fut pas Adam qui fut séduit mais la femme. Il est peut-être choquant pour JA que Gernler, en utilisant une formule du langage commun, appelle les femmes "le sexe inférieur" mais cela ne l'est pas pour Gernler lui-même. La raison en est qu'en français non seulement les femmes ne sont pas dites "sexe inférieur" mais elles sont appelées "le sexe par excellence". Il serait très facile de démontrer combien cela est injuste.

Adresse

Genève


Lieux

Émission

Zurich

Réception

Genève

Conservation

Genève


Cités dans la lettre

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