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Lettre 79 de Jean-Alphonse Turrettini à Johann Heinrich Gernler

[Genève] 11.11.1687 [01.11.1687]

En quelle extremité

Un torrent de larmes a jailli des yeux de JA à la lecture de la lettre de condoléances envoyée par Gernler. Le décès de son père a été une perte cruelle pour lui. Il avait en effet goûté la douceur d'un père qui avait pour lui toute la tendresse possible. Pour changer de sujet, il annonce à Gernler qu'il a montré sa lettre et son épitaphe à [Bénédict] Pictet qui a trouvé l'une et l'autre très belles. Il faut imprimer l'épitaphe; si la famille en reçoit suffisamment, on pourrait les faire imprime...

[Genève] 11.11.1687 [01.11.1687]


Lettre autographe, signée. Inédite. (F)
Öffentliche Bibliothek der Universität (Basel), Ki. Ar. 130b 159 (n.f.)


En quelle extremité


Un torrent de larmes a jailli des yeux de JA à la lecture de la lettre de condoléances envoyée par Gernler. Le décès de son père a été une perte cruelle pour lui. Il avait en effet goûté la douceur d'un père qui avait pour lui toute la tendresse possible. Pour changer de sujet, il annonce à Gernler qu'il a montré sa lettre et son épitaphe à [Bénédict] Pictet qui a trouvé l'une et l'autre très belles. Il faut imprimer l'épitaphe; si la famille en reçoit suffisamment, on pourrait les faire imprimer ensemble, comme on fait en Allemagne. JA craint toutefois que cela n'arrive pas car ce n'est pas ici la coutume. Il faudrait que, de toute façon, la pièce de Gernler fût imprimée. Si on le fait à Genève, JA redoute que les ouvriers ne sachent pas garder la proportion des caractères et des lignes. Gernler sait combien ils sont ignorants là-dessus. Cela pourrait les obliger à imprimer cette pièce, et éventuellement les autres, à Bâle ou ailleurs. Quoi qu'on fasse, Gernler pourra, s'il le veut, apporter des modifications au double de son texte, notamment au commencement que JA n'a pas bien compris. La seule chose qui pourrait les retenir de faire imprimer les vers serait la coutume, comme il l'a déjà dit, mais on ne la consulte pas non plus sur un autre point, celui de l'oraison. JA confie sous le sceau du secret à Gernler que [Bénédict] Pictet a préparé un discours pour l'Académie, qu'il a qualifié d'inaugural, plutôt que funèbre, pour éviter le bruit que certains pourraient faire. JA a vu ce discours. Il contient une narration exacte de la vie de son père et est parfaitement beau, plus simple et moins ampoulé que les autres productions de son auteur. Si on l'imprime, on pourra y ajouter des vers, s'il y en a assez. JA a, en tout cas, reçu beaucoup de lettres et mentionne les noms des gens les plus considérables, sans parler d'un grand nombre de ministres réfugiés en Suisse. Pour l'instant, JA n'a pu répondre qu'à peu de personnes. La mère de JA remercie Gernler de sa lettre. JA suggère à son correspondant d'écrire aussi à son oncle [Bénédict II Turrettini] et à sa tante [Marie I Turrettini], qui est également accablée. JA essaie d'éloigner de sa mémoire tout ce qui lui rappelle des souvenirs trop pénibles. Les lettres sont ce qu'il y a de pire. Même les plus consolantes gâtent tous ses efforts pour éloigner le souvenir de cette perte et détruisent ce qu'il avait pu gagner à grand peine sur lui-même. Il en va de même des visites, auxquelles il s'est soustrait autant qu'il a pu. Mais que Gernler ne cesse pas pour autant de lui écrire. La famille est résolue à envoyer à [Johann Jakob I] Thurneysen, à Bâle, un petit portrait du défunt. Le but est d'en faire faire une estampe qui paraîtra à la tête de la deuxième édition [de l'Institutio] qui s'imprime. La première partie du premier tome avait déjà été augmentée de nombreuses pièces avant l'accident. Si, au printemps, Gernler est encore en Hollande, JA lui en enverra quelques exemplaires pour les faire imprimer pour la foire.

Adresse

[Hollande (?)]


Lieux

Émission

Genève

Réception

Hollande

Conservation

Bâle


Cités dans la lettre