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Lettre 61 de Jean-Alphonse Turrettini Ă  Johann Heinrich Gernler

[Genève] 02.06.1687 [23.05.87]

Lors que ie receus

JA a reçu la veille la lettre de Gernler avec son riche présent et, comme le roi Philippe qui, le jour de la naissance d'Alexandre, reçut encore deux autres bonnes nouvelles, il a pensé qu'un même moment et un même jour lui apportaient trop de bonheur. En effet la lettre de son correspondant était déjà en soi un bonheur; mais le portrait de [Jean] Claude, dont Gernler lui a fait cadeau, prouve que son ami veut le faire souvenir à tout moment de deux personnes pour qui il a une estime extraordina...

[Genève] 02.06.1687 [23.05.87]


Lettre autographe, signée. Inédite. (F)
Öffentliche Bibliothek der Universität (Basel), Ki. Ar. 130b 138 (n.f.)


Lors que ie receus


JA a reçu la veille la lettre de Gernler avec son riche présent et, comme le roi Philippe qui, le jour de la naissance d'Alexandre, reçut encore deux autres bonnes nouvelles, il a pensé qu'un même moment et un même jour lui apportaient trop de bonheur. En effet la lettre de son correspondant était déjà en soi un bonheur; mais le portrait de [Jean] Claude, dont Gernler lui a fait cadeau, prouve que son ami veut le faire souvenir à tout moment de deux personnes pour qui il a une estime extraordinaire. Mais il ne veut pas s'attarder sur les sentiments qu'il éprouve pour son ami car cela lui remettrait en mémoire la triste idée de leur séparation. Il a transmis les compliments de Gernler à [Antoine I] Léger qui en fait autant à son égard; Martel, le gouverneur des princes [von Anhalt-Bernburg (?)], se trouvait à ce moment-là chez Léger, et lui envoie également ses salutations; Friedrich [von Anhalt-Bernburg (?)] témoigna le même regret à [Paul] L'Escot; bref, tout le monde est désolé de son départ et plaint JA de sa perte. La mère de Léger est morte dimanche et on l'a enterrée hier. C'était une femme d'une piété exemplaire, généralement regrettée, en dépit de son âge et de ses incommodités. Un certain Manigault, que Gernler a certainement vu à Genève, part pour l'Angleterre; comme il doit passer par la Hollande, on voulait, Léger tout le premier, que JA lui remît ses thèses [De fluidorum solidorumque corporum natura] pour [Gilbert I] Burnet mais, après réflexion, JA a pensé que c'était mal fondé, pour reprendre les termes du journal de Sénebier. Si, en Hollande, Gernler voyait Burnet et que la conversation vint à rouler sur la famille Turrettini, il pourrait lui transmettre les respects de JA. Il le prie aussi de saluer, s'il les rencontre, un certain Cambron [Bazin de Limeville], qui est à Rotterdam dans la même maison que Madame Pellissari de Paris [Madeleine (?)], et son cousin André [Turrettini] (qui est en Hollande ou en Angleterre) et lui a obligeamment envoyé des livres de philosophie, bien qu'ils ne lui soient pas de grand usage. Il y en a un qu'il a vu dans les Nouvelles de la République des lettres et qu'il aimerait davantage avoir; c'est l'abrégé de la Vie de M. Claude [de Ladevèze]. On vend à présent les livres de feu [Marc ?] Viret. Ils sont extraordinairement bons et bien choisis. L'envie lui a pris de les acheter et il l'a fait, ainsi qu'un thermomètre qu'ils ont eu à un bon prix. Il l'a mis dans la bibliothèque où était Bèze. [Johannes II] Buxtorf est venu et a dit au père de JA qu'il avait vu Gernler à Lausanne; quant à lui, il ne l'a pas encore rencontré. Coulan, qui le connaît, l'estime fort. Oude dîna hier chez eux et fait ses compliments au destinataire, de même que toute la famille. Le Deux-Cents a condamné la veille le salon de [Jean-Jacques] Bonnet, qui en est inconsolable; L'Escot et JA y sont allés hier soir.

Adresse

[Bâle]


Lieux

Émission

Genève

RĂ©ception

Bâle

Conservation

Bâle


Cités dans la lettre