Lettre 1330 de Jean-Frédéric I Ostervald à Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe, signée, adressée. (F)
Bibliothèque de Genève, Ms fr 489 (f.19-22)

Budé, Lettres, II, p.390-393.

Je vous suis tres-obligé

Ostervald est reconnaissant à l'évêque de Salisbury [Gilbert I Burnet] des mots obligeants qu'il a eus à son égard. Pour ce qui est de la Société de Londres, il aurait beaucoup de choses à dire mais il en a déjà longuement écrit à [Louis I] Tronchin. Il a été reçu au nombre des membres correspondants. Il en convient avec JA, il faut que les gens bien intentionnés s'unissent et travaillent tout de bon, si on veut arrêter le papisme et la corruption qui peuvent faire périr les Églises protestantes. Le clergé d'Angleterre est dans des dispositions modérées et charitables mais les nonconformistes sont des entêtés qu'Ostervald regarde comme des schismatiques. L'ouverture de l'assemblée du clergé s'est faite par un beau sermon sur Rm 14,19. On compte beaucoup sur JA en Angleterre pour rétablir l'ordre et l'union. Pour préparer les esprits à l'avance, Ostervald a fait publier à Neuchâtel un écrit qu'il a reçu, imprimé, de Londres et qui s'intitule Relation succincte des diverses sociétés établies...pour la propagation de la religion chrétienne. Il a ordonné qu'on en envoie 50 copies à Genève; la pièce est d'une demie feuille et on peut la répandre dans la ville, comme on a fait à Neuchâtel avec de très bons résultats. La Société travaille surtout à faire ériger des écoles pour enfants pauvres; il y a à Londres tous les jours de nouvelles fondations. À Neuchâtel, Ostervald en fera autant; la semaine prochaine on établira une nouvelle école pour les jeunes enfants. Mais il manque des livres pour les instruire, puisque les catéchismes qu'on a ne valent pas grand'chose; on a donc pensé faire quelque chose à ce propos et voilà de quoi il s'agit. Ostervald a toujours pensé que cette instruction devait se faire par l'Écriture sainte; il a donc pensé choisir les passages du Nouveau Testament qui servent à établir les vérités et les devoirs les plus nécessaires de la religion. On pourrait éventuellement y ajouter ceux de l'Ancien Testament. Il joint une liste faite un peu à la hâte sur laquelle il demande l'avis de JA. On voudrait donc faire imprimer ces passages et les faire apprendre par cœur dans les écoles. Ils ne savent pas s'ils doivent ranger les citations d'après l'ordre des livres bibliques ou s'il faut les rapporter à certains chapitres ou lieux communs. Du reste on grossirait un peu l'ouvrage en rangeant les citations par articles. Et cela sans parler du fait qu'on ne s'accorde pas sur le sens des passages. Mais ce recueil ne suffirait pas; c'est pourquoi on veut qu'Ostervald travaille à un catéchisme très simple où l'on trouverait 1) l'abrégé de l'histoire sainte 2) l'établissement des fondements de la religion 3) l'explication des points principaux de la doctrine et de la morale à travers le Symbole, le Décalogue, la prière dominicale et la matière des sacrements, en expliquant les points principaux de la doctrine et de la morale. Ostervald serait disposé à le faire s'il n'était destiné qu'aux enfants et aux catéchumènes; mais s'il faut faire quelque chose de plus, il ne s'en chargera pas. Il demande à JA de l'éclairer. Il ne sait pas s'il faudrait le faire par demandes et par réponses ou autrement; ou encore, s'il ne faudrait pas faire deux catéchismes, l'un pour les débutants, l'autre pour ceux qui sont plus avancés. Les choses s'améliorent du côté de l'affaire des Psaumes [Genève, 1700] ; depuis 15 jours plusieurs communautés de la montagne les ont adoptés. On est content des améliorations faites par l'Église de Genève; cette révision est infiniment meilleure que la dernière de de La Bastide [Amsterdam, 1692].

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