Lettre 3615 de Jean-Frédéric I Ostervald à Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe, signée, adressée. (F)
Bibliothèque de Genève, Ms fr 491 (f.61-62)

Extrait dans Gretillat, Ostervald, p. LXIII-LXIV, n°117.

J'ay reçu en fort

Ostervald a reçu en très bon état la montre qui maintenant va fort bien, sûrement grâce à la recommandation de JA auprès de [François (?)] Terroux. L'article de la Gazette de Hollande ["Extrait d'une lettre"] concernant le maire [François de Chambrier] a été envoyé de Neuchâtel par des gens qui étaient mécontents d'un précédent article ["De Neuchâtel"] qui lui était favorable; il paraît qu'avec 30 sous on fait publier ce qu'on veut. Ostervald remercie JA de ce qu'il a écrit à Townshend; on verra ce que cela donne. Il y a un très grand acharnement de l'indigne baron [Strunkedé] contre le maire et, en général, contre tous les honnêtes gens. Pendant qu'il était à Neuchâtel, il a fait des enquêtes secrètes pour trouver de quoi l'attaquer; à la fin, se rendant compte qu'il ne pouvait pas l'avoir du côté de la droiture et du comportement, il lui a fait une querelle d'Allemand. Ainsi ce misérable, qui a jeté le pays dans la confusion et y a mené une vie infâme par ses débauches et ses ivrogneries, triomphe maintenant. Comment faire revenir le roi [Friedrich Wilhelm I] de sa prévention puisqu'on n'a pas accès à lui? On dit que Townshend est très lié avec d'Ilgen et on peut donc craindre qu'il n'agisse pas correctement dans cette affaire. JA sera sûrement au courant de la grande émotion qu'a causé la concurrence entre [Jean-Louis] Chouppard et [Ferdinand] de Montmollin d'une part pour la place de [Bernard] Gélieu et entre de Montmollin et Bugnot d'autre part pour celle de diacre; on s'est brouillé et divisé comme jamais auparavant et on n'en est pas revenu. Il y a une passion très violente contre les ministres et contre la Compagnie et on n'a plus d'amis parmi ceux qui ont du crédit. On se déchire par des libelles et par des vers satiriques, on se calomnie et on fait des vers contre les pasteurs. On taxe le premier (Ostervald lui-même) d'hypocrisie, on raille le second [David II Sandoz] pour une récompense reçue et on dit du troisième [Chouppard] qu'il n'est bon que pour la philosophie. Ostervald a été très édifié en apprenant tout ce qu'on faisait à Genève pour l'examen des aspirants. Il est fâché de la suspension de [Louis-César] de Saussure ; il était sûr qu'on lui en voulait et que, tôt ou tard, on le mortifierait. Pour un homme de son âge, [Jean-Pierre] de Crousaz est bien volage et cela ne le mènera à rien. Le mal d'Ostervald augmente considérablement; Manget dit qu'il s'y attendait et le rassure.

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