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Lettre 3017 de Jean-Frédéric I Ostervald à Jean-Alphonse Turrettini

[Neuchâtel] av.02.03.1720 [s.d.]

La santé de notre ami

L'ami [Charles Tribolet] se rétablit lentement; ses forces sont toujours faibles et il lui faudra des mois avant de reprendre ses fonctions. Ostervald a dû assumer certaines de ses charges, ce qui l'a beaucoup occupé, mais sa santé est bonne et à 57 ans il a autant d'énergie qu'à 30. Il est affligé de ce que JA lui dit de l'Académie de L[ausanne] ; il aurait pensé que les choses s'amélioreraient après la mort des deux professeurs de théologie de B[erne, Johann Rudolf Rudolf et Elisaeus I Malacri...

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[Neuchâtel] av.02.03.1720 [s.d.]


Lettre autographe. (F)
Bibliothèque de Genève, Ms fr 490 (f.273-274)

Extrait dans Gretillat, Ostervald, p.XLV-XLVI, n°87, édité sans date mais Gretillat propose (1719).


La santé de notre ami


L'ami [Charles Tribolet] se rétablit lentement; ses forces sont toujours faibles et il lui faudra des mois avant de reprendre ses fonctions. Ostervald a dû assumer certaines de ses charges, ce qui l'a beaucoup occupé, mais sa santé est bonne et à 57 ans il a autant d'énergie qu'à 30. Il est affligé de ce que JA lui dit de l'Académie de L[ausanne] ; il aurait pensé que les choses s'amélioreraient après la mort des deux professeurs de théologie de B[erne, Johann Rudolf Rudolf et Elisaeus I Malacrida]. Les théologiens de Z[urich] contribuent beaucoup à aigrir les esprits; leur entêtement, voire presque leur férocité, est incroyable. Il paraît que le petit livre allemand où [Samuel] Werenfels affirme qu'il ne faut pas exclure du ministère des gens qui ont des opinions différentes sur des points non essentiels [Bericht auf die Frag], y a fait scandale et certains sont allés jusqu'à dire qu'il faudrait le brûler. Ils se sont maintenant brouillés aussi avec l'évêque de Constance et en sont arrivés aux voies de fait en faisant sortir de la cure un ministre de Glaris que l'évêque avait établi dans une Église de Turgovie. Mais ce qui se passe d'après JA dans l'autre Église où il y a bien plus de lumières et d'habiles gens est encore plus étonnant. Ostervald a toujours considéré la Fête de Noël comme il considérait celle de Pâques et de la Pentecôte et il ne pense pas qu'il y ait davantage de superstition à fêter celle-ci qu'à fêter les deux autres. À Neuchâtel on l'avait fêtée jusqu'en 1583 quand on l'a supprimée à cause d'un zèle aveugle et ce malgré les remonstrances des Églises voisines; certaines Églises, comme Lignières et Saint-Aubin, l'ont pourtant gardée en raison de leurs relations avec Berne. On l'a rétablie en 1703, après avoir demandé l'avis de la Compagnie de Genève; le modérateur de l'époque, qui devait être [Bénédict] Calandrini, répondit d'une manière assez générale, en mettant en garde contre la superstition et ses conséquences. Il faut dire les choses comme elles sont: c'est là le beau fruit de la Réformation qui, au lieu de réparer la maison, l'a complètement démolie et a tout renversé. Au lieu de garder ce qui était bon dans les usages anciens, on a rejeté, sans faire de distinctions, toutes les pratiques de l'Église romaine, en donnant à tout cela le titre odieux de traditions humaines. Ce faisant on a inspiré au peuple l'esprit d'indépendance et d'irreligion qui ne fait que s'accroître aujourd'hui. On aurait dû suivre les sages conseils de Cassander, même si Ostervald ne partage pas toutes les opinions de sa Consultatio. Il pense que les Églises réformées sont en ce moment menacées par les divisions, le manque d'uniformité, l'insubordination des pasteurs, l'esprit d'impiété et de libertinage; depuis longtemps, il pense que la Réformation ne tiendra pas et humainement parlant on ne pourra pas se soutenir. Cette "confession" serait bien plus longue si Ostervald avait la possibilité de s'entretenir de vive voix avec son ami. Il a envoyé à [Pierre] Cartier la lettre de JA; ce que JA appelle un trésor est bien peu de choses et cela d'autant plus qu'après avoir écrit ses leçons de morale Ostervald n'a plus eu l'occasion de les revoir. Il demande à son correspondant de lui faire des remarques, comme Werenfels qui, au fur et à mesure qu'il explique ce texte, note sur un papier ses observations. Le ministre récemment déposé à Z[urich] est à Bâle où on est indigné du procédé qu'on a utilisé à son égard. [Jakob Christoph] Iselin, avec qui Ostervald est en correspondance, est dans de très bons sentiments.

Adresse

[Genève]

Commentaire

Plusieurs éléments concourent à proposer comme millésime 1720: 1) Ostervald dit avoir 57 ans; étant né en novembre 1663, on peut imaginer qu'il se considérait même au début de l'anée 1720 comme étant dans sa 57ème année 2) dans notre lettre la mort de Malacrida est déjà un évenement assimilé alors que dans celle du 23.12.1719 Ostervald l'annonce. Quant au terminus ad quem, il est établi à partir de l'allusion faite aux conditions de santé de Tribolet: dans la nôtre, Ostervald dit que l'ami se rétablit lentement alors que dans celle du 02.03.1720 les conditions de santé de Tribolet se sont aggravées (il devait effectivement mourir le 04.04.1720).


Lieux

Émission

Neuchâtel

Réception

Genève

Conservation

Genève


Cités dans la lettre

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