Lettre 1840 de Jean-Frédéric I Ostervald à Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe, adressée. (F)
Bibliothèque de Genève, Ms fr 489 (f.210-212)

Extrait dans Budé, Lettres, III, p.62-63.

Je vous envoyai hier

Le jour précédent, Ostervald a envoyé à Genève quatre exemplaires de son Traité contre l'Impureté, pour JA, [Jean] Sartoris, Ingrand et [Étienne] Jallabert. Il a été heureux d'apprendre le lent rétablissement de son correspondant. Les affaires de Genève sont terminées pour le moment; il faudra voir s'il ne s'agit pas d'un feu caché sous la cendre. Il y a des gens qui répandent à Neuchâtel des choses injurieuses sur le Magistrat genevois. Quant à Ostervald, il admire les jugements de Dieu qui s'exercent, dans cette vie, sur ceux qui provoquent des séditions et s'opposent à l'autorité légitime et sur les impies qui attaquent la divinité, tel qu'était [Pierre] Fatio. On a été surpris d'apprendre qu'on ait écrit de deux endroits à Genève de façon si cordiale sur ces affaires. Pour ce qui concerne les affaires de Neuchâtel, Ostervald aurait beaucoup de choses à dire s'il pouvait parler de vive voix avec JA. Il se limitera à dire 1) qu'il faut agir avec prudence 2) qu'une fois qu'on a assuré la religion par les articles dont on est convenu et le bien de la patrie, il faut rendre justice à celui à qui elle appartient. JA doit garder cela pour lui seul et n'en rien écrire à Neuchâtel. Tout le monde doit souhaiter qu'on se serve de voies justes et de moyens légitimes. Cela fait quinze jours qu'il n'a pas vu [David II] Ancillon, qui, paraît-il, visite les montagnes et y a même prêché. Tout cela s'est fait à l'insu d'Ostervald. On se plaint de l'expéditeur mais sans fondements; il est parfaitement en paix avec sa conscience. On n'en est encore qu'aux préliminaires: on en est à la question de savoir si on jugera d'abord la maison de Chalons pour laisser ensuite les prétendants de la maison de Longueville se disputer entre eux. On doit encore décider ce qui de la ligne, du degré ou de la donation doit l'emporter. Il faut qu'à propos des nouvelles qu'Ostervald envoie à JA au sujet de la succession, celui-ci garde le plus strict silence. Il a envoyé son fils [Jean-Rodolphe II] à Bâle pour passer l'hiver sous [Samuel] Werenfels. Il raconte ensuite une affaire arrivée le matin même aux États concernant [André] de Normandie qui, sous prétexte de défendre le comte [Ernst] de Metternich contre certains bruits qui prétendaient que celui-ci était allé la nuit solliciter les juges, avait ménacé l'avocat de Madame de Soissons de lui faire donner des coups de bâtons et que le comte ne le désavouerait pas. Or celui-ci a fait dire aux États que de Normandie avait agi de sa propre initiative et qu'il le désavouait. De Normandie a été condamné à reconnaître devant toute l'audience qu'il avait mal agi, bien que les États eussent déclaré que ces insolences auraient mérité la prison mais qu'on lui évitait cela pour de bonnes considérations. De Normandie a décampé sans attendre la sentence et personne ne sait où il est allé; selon le bruit, le comte lui aurait ordonné de se retirer, n'ayant pas besoin de gens si vifs à son service.

Adresse

Genève

Commentaire

Lieux

Émission

RĂ©ception

Genève

Conservation

Genève

Cités dans la lettre