Lettre 1604 de Jean-Frédéric I Ostervald à Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe, signée. (F)
Bibliothèque de Genève, Ms fr 489 (f.258-259)

Budé, Lettres, III, p.26-28. Omissions.

Quelque mortification

Ostervald est très déçu du désistement de JA qui ne viendra pas à Neuchâtel mais ne peut rien dire devant les raisons de santé qu'allègue son ami. Celle-ci doit primer sur tout le reste. Il pense pourtant qu'un petit déplacement au mois de septembre ne lui ferait pas de mal, bien au contraire; il l'invite donc à ne pas trop différer sa visite. Avec son désistement, il a causé beaucoup de déceptions; des gens avaient remis leur départ à la campagne pour le rencontrer et maintenant qu'il ne vient plus, ils ont décidé de partir la semaine prochaine. Ostervald est content que JA travaille à la traduction des pièces venant d'Angleterre; il faut qu'elles paraissent très rapidement puisqu'on n'a aucune connaissance de la Société. Il suggère qu'on en fasse un seul volume, avec, en tête, la patente royale, ensuite la relation des desseins de la Société et enfin le sermon de l'évêque de Salisbury [Burnet, Of the Propagation of the Gospel]. Il transcrit ensuite des passages de lettres d'Angleterre qu'il a reçues et qui concernent JA; il s'agit du fait que Saint-Évremond a parlé très avantageusement de lui dans le livre qu'il vient de faire imprimer [Œuvres meslées]. Il semble que cette impression vaille mieux que celle de Hollande. Ostervald est content que JA ait écrit à [Isaac] Jaquelot pour le dissuader de publier un culte instructif, ce qui, franchement, ne plaît à personne. Il a envoyé là-bas une copie de la liturgie de Neuchâtel. On va l'augmenter de prières avant et après le sermon. Les prières arbitraires ne plaisent qu'à peu de monde et sont sujettes à de grands inconvénients. [Samuel] Werenfels et les théologiens de Zurich approuvent son dessein. Il en envoie le plan à [Louis I] Tronchin. [Johann Baptista] Ott lui a envoyé deux manuscrits pour JA: il s'agit de deux recueils, l'un d'hymnes de l'Église universelle, l'autre de tous les ouvrages classés par ordre chronologique, parus en Suisse et ayant affaire à la religion et à l'État. C'est lui-même qui les a faits et il aimerait connaître le sentiment de JA sur ce point. Ostervald gardera ces écrits jusqu'à l'arrivée de JA. Ott est un homme laborieux et qui connaît bien les livres. À propos de livres, Ostervald a été surpris du prix qu'on demandait pour la Polyglotte [Biblia, 1657]. Il a lu l'ouvrage de Jaquelot contre les pernicieux principes de Bayle [Conformité de la foi et de la raison]: l'entreprise est louable mais l'auteur manque parfois de force et d'évidence. Il ne peut pas lui pardonner son grand principe que Dieu fait tout pour sa gloire, dans le sens qu'il l'entend; il est sûr que [Louis I] Tronchin non plus ne l'approuve pas. Il y a aussi des idées très hardies sur la prédestination et sur la liberté. Ostervald transmet enfin les salutations de ses collègues; [Bernard] Gélieu en particulier a été charmé de ce que JA a dit du culte dans sa lettre.

Adresse

[Genève]

Commentaire

Lieux

Émission

RĂ©ception

Genève

Conservation

Genève

Cités dans la lettre