Lettre 171 de Joseph Aguit à Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe, signée, adressée. Inédite. (F)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gd.10.I

Il y a long tems

Cela faisait longtemps qu'Aguit voulait écrire à son cousin JA, mais il en a été toujours empêché. À son retour de Berne, il est passé par Neuchâtel où il a été régalé par [Jean-Louis] Chouppard. Celui-ci espére beaucoup, avec Sandoz [I], voir JA à l'occasion de ses voyages. D'ici là, JA a le temps d'y penser et de se choisir une belle. On dit que ce choix ne saurait tarder et qu'il sera digne du correspondant. On a appris la mort de Chauvet [de Masse] ; on doit bénir Dieu que celui-ci soit hors de ce monde. Il faut espérer qu'il sera mort muni des consolations et des exhortations si nécessaires dans ces circonstances. S'il en avait le temps, il écrirait deux mots à ses cousines mais il est accablé par le froid et la fatigue et demande à JA de leur exprimer sa sympathie. À Lausanne, il a entendu prêcher Merlat qui s'en est très bien tiré. Il a fait des merveilles le jour du jeûne en explicant les paroles du prophète "Ils ont péché, commis misère, ils se sont rebellés" etc. Après avoir bien exagéré tous ces crimes, il parla des misères auxquelles on se voit soumis aujourd'hui spécialement en France. Tout le monde se mit à pleurer mais Merlat, pris de colère, leur reprocha leur hypocrisie qui les faisait gémir sur leurs maux mais pas sur leurs péchés. Il dit par la suite qu'il avait volontairement exagéré leurs maux pour leur faire verser des larmes alors qu'ils ne l'avaient pas fait au moment où il l'aurait fallu. Il tint 4 heures; il monta en chaire à 8 heures et on n'en sortit qu'après midi. Aguit aimerait envoyer à JA trois ou quatre châtaignes [?] si son correspondant les agrée. Il espère le voir pendant le mois de janvier pour quelques jours; [Gabriel] Bergier lui adresse ses compliments et aimerait voir le discours que [Bibaud] de Sausigny [I] a donné à JA et auquel celui-ci a été prié de répondre pendant qu'Aguit était à Genève. Il envoie ses respects à sa tante [Isabelle Turrettini] et à [Jean-Antoine] Dautun.

Adresse

Genève

Commentaire

Sur l'enveloppe le destinataire est qualifié de "proposant"; puisqu'on fait allusion au voyage que JA doit entreprendre, il est vraisemblable que la lettre précède la peregrinatio entreprise autour du 12 ou 13 février 1691; l'allusion à une éventuelle visite au mois de janvier explique le terminus ad quem proposé. Il est du reste probable que celle-ci remonte au dernier trimestre 1690, en raison de l'offre de l'expéditeur de faire parvenir au destinataire des châtaignes, ce qui implique qu'on soit en période automnale. Nous n'avons en revanche pas pu établir la date du decès de Chauvet de Masse, ce qui aurait fourni un indice plus probant sur la datation de la lettre.

Lieux

Émission

Réception

Genève

Conservation

Genève

Cités dans la lettre