Lettre 4738 de François Baratier à Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe, signée. Inédite. (F)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gd.B.3

Quoi que vous n'ayiez

Quoique JA soit resté muet après la dernière lettre qu'il lui a envoyée concernant Archinard, Baratier lui écrit de nouveau pour l'informer de la mauvaise conduite du même personnage. Celui-ci avait demandé, il y a quelques mois, une attestation au Consistoire, qui la lui avait réfusée à cause de son comportement. Or le moment étant venu maintenant pour Baratier de partir pour Stettin d'où il a reçu une vocation, il a demandé à son tour au Consistoire une attestation. Archinard, qui entre-temps avait cessé ses importunités, tout en reconnaissant qu'on en devait une à Baratier, en a profité pour en demander de nouveau une pour lui, faute de quoi il refuserait de signer l'attestation de Baratier. Il a essayé tous les moyens pour obtenir ce qu'il voulait, allant jusqu'à menacer de ne plus monter en chaire et de suspendre ses fonctions; il a même convoqué de sa propre autorité une assemblée des chefs de famille. Fort heureusement cette assemblée fut dissoute à temps par le directeur du Consistoire [Des Granges], sans quoi les conséquences eussent pu être très fâcheuses à la Cour. Le Consistoire donna à Baratier une attestation mais sans y inclure Archinard. Or celui-ci, qui détenait le sceau depuis quelque temps, refusa de le rendre et ne se plia même pas aux injonctions du directeur, dont il contesta l'autorité, prétendant ne devoir se soumettre qu'au souverain et au grand bailli de Schwabach. Son unique partisan dans la Compagnie réussit néanmoins à le ramener à la raison, et il finit par rendre le sceau. Baratier exhale ensuite sa colère contre un adversaire qui a fait constamment preuve du plus grand mépris à l'égard de ses collègues qu'il ne s'est pas privé d'insulter. Il a même choqué le souverain [Karl Philipp III de Wittelsbach] dans un écrit qu'il a été obligé de présenter et qui lui a attiré une sévère reprimande de la part du prince. Malgré tout, le Consistoire est disposé à oublier sa mauvaise conduite dans le passé mais ne peut pas lui octroyer une attestation; tout ce qu'on peut faire est de dire qu'on est content de lui à présent, sur les promesses qu'il a faites, et que les plaintes et le mécontentement se sont terminés à l'amiable. Mais cela n'est pas du goût d'Archinard qui a lui-même rédigé un témoignage très équivoque et captieux dont personne ne veut. C'est pourquoi Baratier demande à JA, pour le bien de l'Église, de conseiller judicieusement Archinard, qui a été un de ses élèves, afin d'éviter des troubles fâcheux à cette pauvre Église. Il regrette du reste lui-même de laisser la communauté entre les mains d'un tel personnage mais Dieu l'appelle ailleurs. Toutes les bonnes âmes attendent l'arrivée de [Melchisedec II] Pinault avec impatience car on le dit doux, modeste et pacifique. Il a été proposé par le directeur Des Granges et quelques amis, sur recommandation d'[Antoine] Achard. Archinard aurait préféré un dénommé [Jacques-André (?)] Porte, son grand ami, qu'il a déjà essayé à plusieurs reprises de placer dans le pays sans jamais y parvenir pour le moment. En fait sa recommandation lui nuirait plutôt. Baratier transcrit ensuite l'apostrophe qu'il adresse à Archinard dans son sermon d'adieu.

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[Genève]

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Genève

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Genève

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