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Lettre 4693 de Hans Kaspar II Escher à Jean-Alphonse Turrettini

Zurich 18.09.1734

J'ay bien... Les affaires

Escher, après avoir lu la dernière lettre de JA, pense que ce serait un malheur si l'une des suites de sa missions genevoise était la rupture de l'amitié qui l'unit à son correspondant. Il le vénère toujours de la même manière. C'est pourquoi il va s'expliquer sur sa conduite. Il assure tout d'abord JA qu'à Genève il n'a fait confiance à rien d'autre qu'à ses instructions et à ses collègues [Johannes III Escher, Luternau et Abraham Sinner]. Contrairement à ce que son correspondant semble croire,...

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Zurich 18.09.1734


Lettre autographe, signée. (F)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gd.E.5

Budé, Lettres, I, p.387-392.


J'ay bien... Les affaires


Escher, après avoir lu la dernière lettre de JA, pense que ce serait un malheur si l'une des suites de sa missions genevoise était la rupture de l'amitié qui l'unit à son correspondant. Il le vénère toujours de la même manière. C'est pourquoi il va s'expliquer sur sa conduite. Il assure tout d'abord JA qu'à Genève il n'a fait confiance à rien d'autre qu'à ses instructions et à ses collègues [Johannes III Escher, Luternau et Abraham Sinner]. Contrairement à ce que son correspondant semble croire, il n'a jamais changé d'avis puisqu'il n'a pas fait le moindre pas pour approcher le gouvernement de la démocratie, saisissant au contraire toutes les occasions possibles pour louer la Constitution genevoise et en déclarant souvent qu'il ne donnerait son accord à aucun changement. L'assemblée générale et les Conseils avaient tout fait avant l'arrivée des députés et tout ce qu'on leur a demandé a été de s'en tenir à ce qui avait été convenu et de veiller à ce que tout le monde y coopère. Il a eu beaucoup d'oppositions à surmonter et le mot "blâmable" a été inséré dans l'arrêt contre son avis mais il n'était pas en son pouvoir de s'y opposer, les Deux-Cents étant le juge souverain. Il est singulier qu'on le blâme à Genève d'avoir été trop populaire alors qu'à Zurich on l'a toujours accusé du contraire; samedi passé encore, il a dû affronter un combat dans le Conseil à propos de la minute qu'on se propose d'écrire à Genève (conjointement avec Berne). Il n'en a cure puisqu'il n'a jamais eu comme but la gloire ni les charges et il est content quand il agit selon sa conscience. Si maintenant on est à Genève à la merci de la multitude, on ne peut pas en donner la responsabilité aux députés puisque la Constitution n'a pas été changée et la majorité de cette multitude n'est pas mal intentionnée. Quand le troupeau est dans le désordre, il faut s'en prendre au berger qui ne doit pas égorger ses brebis. Il est vrai qu'il a désapprouvé la conduite du Magistrat qui n'a pas tenu compte de la demande légitime de la bourgeoisie d'être consultée au sujet des impôts et cela d'autant plus que cette même bourgeoisie s'était déclarée favorable à ces impôts et à leur prolongation pour cinq mois. Comment juger positivement la conduite du Magistrat qui n'a donné aucune réponse à cette demande légitime, n'a pas tenu compte de l'échauffement qui montait parmi la population et a pris des dispositions militaires? Même s'il ne met pas en doute la bonne foi des gouvernants – toutes personnes par ailleurs respectables, il en blâme la conduite. Il ne s'est ouvert de cette affaire qu'auprès de [de Pesmes] de Saint-Saphorin, qui lui a tout appris au niveau de l'art de la négociation; il le considère comme son maître et a découvert qu'il avait sur la question genevoise les mêmes sentiments que les siens et qu'à Genève on n'avait pas tenu compte des avis qu'il avait donnés au début de l'affaire. Quant au reste, il faut laisser parler les gens, qui débitent parfois des faussetés, comme par exemple que l'amitié entre Escher et JA serait rompue. Il félicite [Jacob] Vernet de son élection comme pasteur de la ville. Il a communiqué la lettre des pasteurs vaudois aux Cantons mais il faut dire que ces gens-là sont une charge perpétuelle et ne manquent jamais de prétextes. Le ministre d'Angleterre [William Capel of Essex], qui les a délivrés, les aura aussi assistés. On enquête sur les causes et les circonstances de l'emprisonnement et, le cas échéant, on les aidera et on incitera également les autres Cantons à le faire.

Adresse

[Genève]


Lieux

Émission

Zurich

Réception

Genève

Conservation

Genève


Cités dans la lettre

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