5000 Lettres

Lettre 4278 de Hans Kaspar II Escher à Jean-Alphonse Turrettini

Zurich 26.09.1731

L'attention que Vous

La mort de [Jean-Robert] Chouet est une grande perte pour la patrie; il a été un de ces chefs nobles qui procurent le bonheur aux autres membres. Peu de personnes comme lui ont aussi bien réussi comme professeurs et comme magistrats. Un tel exemple montre que ce n'est pas la faute des études si les gens qui s'y adonnent réussissent généralement peu dans la pratique. La faute en est plutôt aux gens qui ne sont pas capables de faire un bon usage de ces études. Ainsi souvent les études sont abandon...

+ 2 pages

page 1

1499_4278-1_ug72437_turrettini_file.jpg

page 2


1500_4278-2-3_ug72438_turrettini_file.jpg

page 3

1501_4278-4-5_ug72439_turrettini_file.jpg

page 4


1502_4278-6-7_ug72440_turrettini_file.jpg

Zurich 26.09.1731


Lettre autographe, signée. (F)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gd.E.5

Budé, Lettres, I, p.369-372. Omissions.


L'attention que Vous


La mort de [Jean-Robert] Chouet est une grande perte pour la patrie; il a été un de ces chefs nobles qui procurent le bonheur aux autres membres. Peu de personnes comme lui ont aussi bien réussi comme professeurs et comme magistrats. Un tel exemple montre que ce n'est pas la faute des études si les gens qui s'y adonnent réussissent généralement peu dans la pratique. La faute en est plutôt aux gens qui ne sont pas capables de faire un bon usage de ces études. Ainsi souvent les études sont abandonnées à des hommes médiocres. Berne a fait récemment une perte analogue en la personne de [Christoph] Steiger, qui a été le grand patron d'Escher et a été très proche de son père [Hans Jakob Escher II]. La France est actuellement gouvernée par un cardinal [Fleury] et l'archevêque de Paris [Vintimille du Luc] aspire à la même dignité, ce qui ne peut que produire des arrêts comme celui que JA lui a communiqué. Le Parlement et les avocats ont encore quelques faibles sentiments de liberté, vite étouffés par la déférence à l'égard du pouvoir. Il y aura prochainement une Diète pour délibérer au sujet de l'alliance avec la France, ce dont on discute actuellement dans les Cantons protestants. L'alliance de 1663 est faite pour durer longtemps; il est dangereux de lier le sort des petites républiques suisses au caprice des ministres de France pour tant d'années. Il n'y a pas d'accord sur l'interprétation de l'alliance de 1663 mais, d'après Escher, elle accorde à la France le passage de ses armées sur le territoire helvétique, oblige les Suisses à abandonner le peuple au bon vouloir du roi, qui peut les utiliser offensivement contre qui que ce soit, prive enfin les Cantons de la liberté de faire d'autres alliances défensives. En un mot, elle place les Suisses dans la position des Socii Romanorum. Le plus sûr serait de se contenter de la paix perpétuelle et de donner à la France, quand l'occasion s'en présentera, des marques réelles de la déférence qu'on a pour elle. Ou alors, si on veut à tout prix un traité, il faudrait laisser tomber tous les anciens et en faire un nouveau, purement défensif. La semaine précédente, on a jugé à Zoug l'affaire des deux landammans, Andermatt et [Klemens Damian] Weber: ils sont dégradés de tout honneur, confinés dans leurs maisons et interdits de s'occuper des affaires de l'État; ils doivent restituer ce qu'ils ont retenu des deniers publics et payer tous les frais du procès et de l'emprisonnement, ce qui ruine les deux familles. Le plus plaisant est qu'on ne veut pas spécifier leurs fautes et le peuple de Zoug trouve la sentence trop douce. Il ne sait rien de précis sur la persécution des frères de la Valteline; connaissant les Messieurs des Grisons, ils ont dû sortir par une porte et rentrer par l'autre. C'est actuellement la saison où l'empereur [Karl VI] leur paie une pension annuelle de 10'000 écus et ils sont fort adroits à faire quelques grimaces pour l'obtenir. Mais avec tout cela les pauvres protestants ne pourront pas subsister longtemps; toutes ces migrations les ruinent économiquement. Il ne s'agit que d'un petit nombre de familles, qui ne trouveraient pas de grande difficulté à aller s'établir parmi les communautés protestantes de Rhétie. Escher aimerait savoir de JA qui est ce Théodore Crinsoz qui a fait une traduction du livre de Job et des Psaumes et une paraphrase de l'Apocalypse; ce dernier traité le dépasse mais les psaumes lui plaisent assez. Un de ses cousins, actuellement à la Cour de Bavière pour négocier du sel, lui a écrit qu'on y traitait l'affaire de la rébellion civile, où la religion n'avait aucune part. Les troupes bavaroises n'avaient pas encore marché contre eux; l'empereur leur avait envoyé un manifeste dans lequel il leur commande de s'abstenir de toute violence et leur offre de les écouter sur les affaires de la religion et du civil.

Adresse

[Genève]


Lieux

Émission

Zurich

Réception

Genève

Conservation

Genève


Cités dans la lettre

+ 2 pages

page 1

1499_4278-1_ug72437_turrettini_file.jpg

page 2


1500_4278-2-3_ug72438_turrettini_file.jpg

page 3

1501_4278-4-5_ug72439_turrettini_file.jpg

page 4


1502_4278-6-7_ug72440_turrettini_file.jpg