Lettre 3686 de Claude Rivalier Ă  Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe, signée. Inédite. (F)
Bibliothèque de Genève, Ms fr 492 (f.156-157)

Non seulement je me souviens

Malgré l'éloignement, Rivalier se souvient très bien de JA et profite de toutes les occasions pour parler de lui et lire le peu qu'il a de ses ouvrages. Le temps qu'il a passé à Genève à écouter son correspondant dans ses cours, ses leçons, ses disputes, ses sermons demeure précieusement dans son souvenir. Il ne comprend pas comment tant de jeunes ministres s'empressent de sortir de Genève pour venir en Allemagne; de deux choses l'une: soit ils manquent de ressources pour subsister, soit ils ne connaissent pas suffisamment les Églises françaises de ce pays. À ce propos, au sujet de la recommandation de JA en faveur de [Jean-Pierre] Ducros pour le poste de l'Église de Hambourg, il faut dire que c'est l'Église du monde la plus difficile à servir et celle où on a le plus d'amertume: le collègue, Vernejoul, est insupportable et, à 70 ans, menace de vivre encore quinze ans; le Consistoire, composé en majorité d'anciens et de diacres, mortifie et insulte les pasteurs à chaque occasion, exerçant un pouvoir qui n'a aucun fondement ni dans l'Évangile ni dans aucune discipline ecclésiastique. Ces messieurs ne sont pas aussi sévères les uns par rapport aux autres, tolérant tout ce qu'ils peuvent commettre contre la Discipline des Eglises de France, qu'on suit ici; si un pasteur ose le faire remarquer, il est traité de brouillon et de perturbateur de la paix publique. Rivalier peut alléguer des preuves et des noms pour tout ce qu'il vient de dire. Pour comble de malheur, l'Église de Hambourg est totalement indépendante et n'est soumise à aucun synode. On a poussé sa patience à bout et on l'a finalement obligé à demander son congé, qu'on lui a néanmoins accordé avec un témoignage très honorable. Aucun honnête homme n'accepterait la vocation s'il était informé de la situation réelle. Tout cela explique pourquoi il ne peut pas recommander Ducros ni qui que ce soit d'autre, outre le fait qu'il a décidé de ne plus se mêler des affaires d'une Église qui a si mal agi à son égard. Si seulement il n'avait pas quitté Genève! Il serait ministre de village et aurait une tranquillité d'esprit qu'il n'a plus connue depuis quinze ans. Tout le monde dira la même chose à Ducros sur cette Église, pour peu qu'on s'en tienne à la vérité. Quant à Rivalier, il ne sait pas ce qu'il adviendra de lui ni de sa famille, composée de sa femme et de ses enfants dont l'aîné a huit ans et le cadet quatre mois. Il se recommande aux prières de JA.

Adresse

[Genève]

Commentaire

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RĂ©ception

Genève

Conservation

Genève

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