Lettre 3634 de Israël-Antoine Aufrère à Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe, signée, adressée. (F)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gd.A.12

Budé, Lettres, I, p.71-75. Datée fautivement du 26.

Je me trouve honoré de deux

Aufrère remercie JA de l'envoi de ses dissertations apologétiques [Disputatio, pars prima-quarta, 1724-1725], dont il a admiré la clarté, la solidité et la justesse. Il a tout particulièrement apprécié ce qui est dit à propos des miracles; ni les continentaux ni les Anglais n'avaient exprimé cette idée simple mais vraie, selon laquelle Dieu, étant le seul auteur des miracles, ne peut pas permettre aux mauvais esprits de faire des prodiges pour séduire les hommes. Depuis toujours sa théologie a été celle de l'aveugle-né et il a souvent souri en voyant la chaleur avec laquelle on soutenait le pouvoir des démons. Il se réjouit donc en constatant que JA, dont l'autorité est respectable, a les mêmes idées que lui. Si les théologiens partageaient ses idées, on n'aurait pas raison d'être effrayé par le dogme de la probabilité. Il est convaincu que les magiciens d'Égypte étaient des joueurs de gobelets et qu'ils ne firent que ce qu'ils avaient l'habitude de faire ordinairement. D'autre part, transformer une verge en serpent est un miracle aussi puissant que ressusciter un mort, puisqu'avant de donner la vie à la matière informe il aurait fallu l'organiser. Mais, même si on voulait le supposer, il faudrait quand même affirmer qu'au moment même Dieu s'interpose par un pouvoir supérieur. Autrement, il y aurait un moment où l'erreur serait invincible et où un homme, en faisant un usage correct de sa raison, serait trompé, ce qui détruirait l'idée de Dieu et justifierait l'idolâtrie. Dt 13 confirme que le prodige n'était pas l'effet d'une opération surnaturelle et que le faux prophète était effectivement un imposteur. C'est une idée contraire aux attributs divins que d'imaginer que Dieu donne à un homme, de manière médiate ou immédiate, le pouvoir de faire un miracle et qu'il le condamne ensuite à mort pour l'avoir fait. Il aurait mieux valu que [Jacques] Saurin, qui a réfuté [État du christianisme en France] le prétendu miracle de Noailles [Mandement (?)], ait lu au préalable la dissertation de JA. Il a été alarmé par la lettre du Genevois à propos de sa santé, mais l'archevêque [Wake] l'a rassuré. Il a appris avec plaisir qu'[Ami] Lullin et [Jean III] Sarasin avaient été agrégés à la Compagnie des pasteurs. [Samuel] Clarke a donné à Grove une place de prédicateur dans une des chapelles annexes de St James.

Adresse

Genève

Commentaire

Lieux

Émission

Réception

Genève

Conservation

Genève

Cités dans la lettre