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Lettre 3069 de Jacques Serces à Jean-Alphonse Turrettini

Saint Albans 26.07.1720 [15/26.07.1720]

Il y a long-tems que

Serces aurait dû écrire depuis bien longtemps pour remercier JA de toutes les bontés dont il l'a fait bénéficier pendant ses études et des sentiments favorables qu'il continue de conserver pour lui mais ses occupations à Londres l'en ont empêché jusqu'à maintenant. Il a reçu un très bon accueil de la part de l'archevêque [Wake] qui l'a invité deux fois à dîner et lui a donné une lettre de recommandation pour le ministre de Saint Albans, endroit où il s'est retiré pour apprendre l'anglais. C'est...

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Saint Albans 26.07.1720 [15/26.07.1720]


Lettre autographe, signée. (F)
Bibliothèque de Genève, Ms fr 492 (f.227-228)

Gardy, Correspondance, I, p.1-4.


Il y a long-tems que


Serces aurait dû écrire depuis bien longtemps pour remercier JA de toutes les bontés dont il l'a fait bénéficier pendant ses études et des sentiments favorables qu'il continue de conserver pour lui mais ses occupations à Londres l'en ont empêché jusqu'à maintenant. Il a reçu un très bon accueil de la part de l'archevêque [Wake] qui l'a invité deux fois à dîner et lui a donné une lettre de recommandation pour le ministre de Saint Albans, endroit où il s'est retiré pour apprendre l'anglais. C'est un prélat digne des temps apostoliques, aussi doux que JA. Il a aussi été reçu de manière gracieuse par l'évêque de Londres [John Robinson]. [Gilbert II (?)] Burnet a appris avec plaisir des nouvelles de JA et remercie pour les thèses que celui-ci lui a envoyées [Brevis et pacifica diquisitio] ; Serces a transmis à [Pierre I] Coste l'exemplaire que JA lui avait destiné et la lettre de recommandation pour Serces lui-même. Il passe l'été à la campagne et donc Serces n'a pas pu le voir fréquemment. Il a aussi reçu des marques de bienveillance d'Aufrère et de [Louis] Saurin. Il a prêché quatre fois, dont une fois à la chapelle royale sur invitation de Monsieur et Madame Roberthon; il a eu l'impression que les gens n'étaient pas trop mécontents; il pense qu'il ne devrait pas avoir beaucoup de peine à entrer dans une Église française mais il ne sait pas encore très bien de quel côté se tourner. L'archevêque lui conseille de regarder vers les Anglais mais le problème c'est la langue et en particulier la prononciation: il craint de ne pas arriver à la maîtriser suffisamment pour pouvoir prêcher de façon satisfaisante, même si la famille chez qui il loge loue sa prononciation. Il compte prendre les ordres de diacre en septembre; dans ce but, il tâche de se procurer quelque vocation comme chapelain de quelque lord. [Friedrich Johann] de Bothmer lui a promis d'y travailler sans délai. Il voudrait le faire entrer, comme chapelain, chez le duc de Chandos qui appartient à l'une des familles les plus riches et les plus généreuses d'Angleterre. Serces a été très surpris de découvrir que beaucoup de théologiens français établis en Angleterre avaient des idées très désavantageuses de l'Académie de Genève à tel point que tout ce qui vient de cette ville leur est suspect; il a compris que certaines jeunes personnes fraichement sorties de l'Académie leur avaient inspiré ces sentiments et Serces a fait de son mieux pour leur faire comprendre qu'on ne pouvait pas imputer aux professeurs les idées de quelques étudiants et que lui, personnellement, n'avait jamais entendu aucun enseignant proférer de telles idées. Il faut dire que ces théologiens sont très rigides et qu'ils demandent avant tout à un ministre s'il est bon calviniste et non s'il est bon chrétien; s'il croit à la prédestination avec toutes ses conséquences et non s'il vit en prédestiné. Il a entendu dire des choses très regrettables sur JA lui-même et on tire beaucoup de conséquences de ce qu'il dit et de ce qu'il ne dit pas dans ses thèses: par exemple, de ce qu'il n'a pas dit explicitement que les ariens et les sociniens doivent être exclus de l'Église, ils déduisent qu'il est lui-même arien ou socinien. À entendre ces calomnies, Serces s'est récrié et son zèle, qui est du reste un zèle pour la vérité, a dû refroidir l'un de ces juges charitables qui a porté deux fois le discours sur ce sujet. Même les plus modérés regrettent que JA n'ait rien dit sur les hérétiques alors que Wake et d'autres l'en avaient prié pour enlever toute prise aux bangoriens qui s'appuient sur ses thèses. Ils n'ont pas voulu entendre ce que Serces leur a dit, à savoir que dans les thèses que JA lui a fait soutenir il n'a pas voulu faire la guerre aux hérétiques mais distinguer les points qui sont fondamentaux de ceux qui ne le sont pas et appliquer cela aux catholiques et aux luthériens. Heureusement, il y a aussi les amis de l'Église et de l'Académie de Genève; ils se recrutent parmi les théologiens anglais les plus solides. Wake a dit une fois que ses meilleurs amis étaient les Messieurs de Genève et à Serces en particulier, lors d'un dîner où on avait évoqué les desseins de certaines personnes de faire bâtir une chapelle anglicane à Genève, qu'il ne trouvait pas cela nécessaire puisque les Anglais demeurant dans la ville n'ont qu'à aller communier avec les réformés comme il souhaiterait que JA, s'il se trouvait à Londres, aille communier avec lui. Il aimerait avoir, dès leur parution, un exemplaire des Sermons de Gallatin et du commentaire philosophique de de La Barre sur l'eucharistie [La doctrine des protestans]. Il prie JA de faire savoir à [Charlotte (?) Sarasin] de La Pierre, sa voisine, que la marquise de Gouvernet est encore en vie et qu'elle peut lui écrire. Il a rendu à mylord et à Aufrère les sermons que lui avait remis [Jean II] Sarrasin. Il les a fait relier à 6 shillings les six volumes, somme qui lui a été remboursée par Fabrot. Serces transmet à JA les compliments du chevalier Lowther, qui le connaît très bien de réputation. Il est aussi bien connu de réputation du ministre de Saint Albans, qui a bu de cœur à sa santé. Il est tellement entêté de l'épiscopat qu'il voudrait le voir établi partout et ne désespère pas de le voir un jour à Genève.

Adresse

[Genève]


Lieux

Émission

Saint Albans

Réception

Genève

Conservation

Genève


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