38 Lettres

Lettre 2877 de William Wake à Jean-Alphonse Turrettini

[Angleterre] 11.07.1718 [1718]

Literas tuas ultimas

Wake a reçu depuis peu de jours la dernière lettre de JA qui fait état de la triste situation de l'Église réformée suisse déchirée par les controverses. Pourquoi une telle fascination pour la guerre? pourquoi une telle fureur? On sait quelle a été l'issue de ce genre de controverses dans les Provinces-Unies au siècle dernier. Au synode de Dordrecht, il y avait quatre envoyés d'Angleterre qui s'y étaient rendus sur ordre du roi Jacques [I]. Leur mission était de faire en sorte que ces questions (...

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Lettre 2877 de William Wake à Jean-Alphonse Turrettini

[Angleterre] 11.07.1718 [1718]


Lettre autographe, signée, adressée. (L)
Bibliothèque de Genève, Ms fr 493 (f.177-179)

Acta eruditorum, VII, sec.III, 1721, p.122-127. Quelques omissions et quelques fautes.


Literas tuas ultimas


Wake a reçu depuis peu de jours la dernière lettre de JA qui fait état de la triste situation de l'Église réformée suisse déchirée par les controverses. Pourquoi une telle fascination pour la guerre? pourquoi une telle fureur? On sait quelle a été l'issue de ce genre de controverses dans les Provinces-Unies au siècle dernier. Au synode de Dordrecht, il y avait quatre envoyés d'Angleterre qui s'y étaient rendus sur ordre du roi Jacques [I]. Leur mission était de faire en sorte que ces questions (prédestination, grâce etc.) ne fussent pas traitées publiquement mais fussent remises aux théologiens qui en discuteraient dans les écoles et ne toléreraient rien de contraire aux premières confessions de foi. Le dessein du roi, qui visait à apaiser le conflit et à parvenir à des conclusions modérées, était des plus sages. Parmi ces délégués britanniques, il y avait Davenant, à l'époque professeur de théologie à Cambridge, devenu plus tard évêque de Salisbury; quelques années plus tard [John] Dury, un homme zélé pour la paix et l'union, le pria de lui communiquer son opinion sur la réunification entre réformés et luthériens. Dans un long passage que Wake reproduit, Davenant affirme que tout ce qui concerne la conversion des pécheurs, la grâce de Dieu, la libération de la volonté humaine, la persévérance et le salut des élus, doit être attribué à Dieu et à sa miséricorde gratuite alors que tout ce qui a affaire à la corruption de la nature humaine, à l'obstination dans le péché, à la damnation éternelle, doit être imputé à la faute des hommes. Une fois admis cela, les dissensions qui pourraient exister sur tel ou tel aspect ne devraient pas être une cause de division dans l'Église. Si on partageait ce sentiment et qu'on se conduisait de cette sorte, la réunification avec les luthériens ferait sûrement des progrès. Les synodes d'Alençon et de Charenton montrent clairement quelle a été la position de l'Église réformée française. Même dans l'Église anglicane, il y a des théologiens très rigides qui n'entendent aucun discours modéré mais la sagesse des princes et des évêques a toujours été de les contenir dans les limites de la paix et de la prudence; ainsi quand Whitgift, archevêque de Cantorbéry, très proche de la reine Élisabeth, à l'instigation de Whitaker, envoya certains articles à l'Université de Cambridge pour examen, il fut condamné, même si ce fut avec tout le respect qui était dû à sa charge; on n'y voulut pas d'autres articles que ceux de l'Église anglicane. Wake envoie à JA les édits que Jacques I et Charles I ont promulgués pour sauvegarder la paix ecclésiastique. Dans l'Église anglicane, on garde le plus grand silence devant les fidèles sur des articles comme la prédestination, l'élection, la réprobation, l'universalité et l'efficacité de la grâce; si on en parle, c'est rarement et en passant, et toujours loin de tout esprit de controverse. On se conduit du reste de la même façon dans les académies. Il se rappelle que, quand il commença lui-même ses études à Oxford, il entendit le professeur Jane mettre en garde, dans sa leçon inaugurale, contre une discussion publique de ces questions, sur lesquelles du reste il ne voulut rien dire. Pour ce qui est de l'opinion personnelle de Wake, il souscrit entièrement à ce qu'il a transcrit de l'opinion de Davenant. Une fois que l'accord est garanti sur les articles fondamentaux, il ne faudrait rien exiger d'autre, tout ce qui est un fardeau pour la droite conscience ne pouvant être d'aucune utilité pour l'Église. Il faut en outre considérer que les conflits qui opposent actuellement Berne et Lausanne ne sont pas seulement un élément de division pour ces Églises mais aussi pour tous les protestants, réformés, luthériens et anglicans disséminés en Europe. Tout ce qui reste à faire maintenant, c'est que l'Église de Genève et les autres Églises suisses s'engagent pour rétablir la paix ecclésiastique. Que les ministres, les professeurs, les théologiens souscrivent à la Confession helvétique de 1566 et qu'on interdise de se prononcer publiquement contre ses articles. Il faut faire attention à ne pas multiplier les signatures de ce type et à se limiter à celles qui sont vraiment nécessaires, de même qu'il faut veiller à ne pas exercer un contrôle trop strict sur les opinions privées des hommes savants.

Adresse

[Genève]


Lieux

Émission

Angleterre

Réception

Genève

Conservation

Genève


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