Lettre 2813 de Jean-Frédéric I Ostervald à Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe, adressée. Inédite. (F)
Bibliothèque de Genève, Ms fr 490 (f.117-118)

J'ay vu avec bien

Ostervald a rencontré [Johann Theodor] Jablonski et l'a trouvé tel que JA le lui avait décrit. Ce qu'il lui a dit de l'homme [sc. Schmidtman] qui a envoyé en Suisse le livre de Naudé [Lettre apologétique réfutée] s'accorde avec ce qu'il avait entendu d'ailleurs. Cet homme a failli déchaîner un grand orage et la menace ne s'est pas encore entièrement éteinte. Les Messieurs de Zurich ont été satisfaits de la réponse d'Ostervald et en ont envoyé un exemplaire à Berlin en disant qu'ils ne croyaient pas qu'il y eût en Suisse véritablement du danger pour la doctrine. Ostervald croyait l'affaire close mais voilà qu'un nouvel incident éclate; il le relate à JA mais lui demande le silence. Il a reçu une lettre de Berne où on lui dit qu'on sait qu'il n'est pas l'auteur de l'apologie [Lettre à un ami] et qu'il n'en partage pas tous les sentiments mais on le prie fortement de faire savoir par un écrit public qu'il désapprouve ce que l'auteur de l'apologie a écrit en sa défense. Et ceci tant pour sa réputation que pour celle des Églises de Suisse. Ils terminent en disant que s'il ne veut pas faire cela, il devrait au moins écrire à Berlin ce qu'il a déjà écrit à Zurich. Il laisse JA juge de cette affaire; quant à lui, il a décidé de suivre le dernier parti, pour les raisons que son ami peut imaginer. Mais tout ceci montre que l'on se trouve dans une situation délicate et qu'il faut se conduire avec beaucoup de prudence. C'est ce que lui dit leur ami commun de Bâle [Samuel Werenfels] dans une lettre dont Ostervald transcrit une phrase. Il y a à Zurich et à Berne des gens capable de faire un éclat. Il a du reste su que Berne allait écrire à Lausanne qu'on négligeait dans cette ville de faire souscrire le Consensus. Que Dieu veuille apporter à tous un esprit de modération et de paix. Ostervald n'approuve pas les thèses [Cogitationes theologicæ, 1717] que JA lui a envoyées: il y a plusieurs bonnes choses mais ce que l'auteur dit de l'Église romaine est si outré et si déraisonnable qu'il en a été indigné. Cela fait beaucoup de tort à la religion et peut en faire autant à l'Église de Genève. Ce qui le fâche le plus, c'est que ces thèses aient été soutenues sous JA et que le nom de son ami y figure. L'auteur [Jean-Jacques Poullain de La Barre] fait la preuve qu'il n'est pas de ces théologiens philosophes dont il parle au début et qu'il décrit comme des gens modérés. Peut-on faire imprimer à Genève tout ce qu'on veut, notamment quand il s'agit de thèses? Après tout il y aura sûrement des gens qui approuveront les injures que cet auteur vomit contre l'Église romaine et ne s'insurgeront pas, à cause de cela, contre ce qui est dit ailleurs dans la dissertation. Le fils aîné d'Ostervald [Jean-Rodolphe II] est arrivé à Neuchâtel où il restera un mois. On parle beaucoup de ce général des carmes [Jean Crassus] qui doit être arrivé à Genève pour se convertir; il est à souhaiter qu'il soit sincère et qu'il ne soit pas scandalisé par l'Église dans laquelle il veut entrer.

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Genève

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RĂ©ception

Genève

Conservation

Genève

Cités dans la lettre