Lettre 2401 de Jean I Barbeyrac Ă  Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe, signée, adressée. Inédite. (F)
Bibliothèque de Genève, Ms fr 484 (f.147-148)

J'appris hier

Barbeyrac félicite JA de la naissance de sa fille [Louise III]. Il transcrit un passage des Acta eruditorum où l'on parle de façon élogieuse de JA; celui-ci est présenté comme un grand métaphysicien, qui approuve les principes de la Théodicée de Leibniz. Toujours le même périodique annonce la parution de plusieurs éditions de classiques dont il donne le détail. En Hollande, on réimprime Boileau à partir de la nouvelle édition parisienne; Barbeyrac donne quelques références au sujet de la polémique sur Longin dans laquelle a été impliqué [Jean] Le Clerc. Celui-ci avait en effet défendu [Pierre-Daniel] Huet, ce qui lui valut la réplique de Boileau, virulente quoiqu'atténuée à la demande de l'abbé Bignon, et une réponse de Paris favorable à Huet qu'il a insérée dans le XVI^e tome de la Bibliothèque choisie. Fénelon publie lui-même une Démonstration de l'existence de Dieu qui lui avait été volée et dans laquelle il y aura une préface contre Spinoza et Bayle. En Angleterre, Collins a publié un livre, intitulé pensées libres [A Discourse of free-thinking], qu'il a promis de lui envoyer; il a suscité plusieurs réfutations, dont celles de Bentley [Remarks upon a late Discourse] et de Whiston [Reflexions on an anonymous pamphlet]. On réimprime la théologie de Limborch augmentée [Theologia christiana, 1715] et on prépare une nouvelle édition du Dictionnaire de l'Académie française dont l'abbé Regnier a montré à [Pierre I] Coste quelques feuillets. Il s'est levé une querelle sur l'æs grave entre Perizonius et Kuster. Barbeyrac envisage une réimpression du discours de Noodt [Du pouvoir des souverains, 1714], car les exemplaires manquent; il y ajoutera la traduction d'une harangue de Gronovius père [Oratio de lege regia]. Il aimerait emprunter Dion Cassius à JA dans l'édition de Hanovre que son ami possède; il sait qu'on en prépare une nouvelle édition en Angleterre. [Antoine I] Maurice a sollicité à travers les comtes de Wartensleben des patentes de la Société royale des sciences de Berlin; Barbeyrac a été surpris de recevoir lui-même des patentes, alors qu'il ne les avait guère sollicitées. Les affaires vont toujours aussi mal à Berlin et son beau-père [Étienne] Chauvin a perdu cent écus de sa pension, ce qui n'est pas excessif, compte tenu des temps. [Veyssières] de La Croze, qui a été privé de sa pension de bibliothéquaire, songeait à aller en Angleterre mais on lui a donné la place d'informateur auprès du jeune margrave Philipp, le précédent ayant été congédié, probablement parce qu'il était le protégé du comte Alexandre de Dohna. Barbeyrac a commencé à prendre les eaux et en est assez fatigué.

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Genève

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