Lettre 2349 de Jean-Frédéric I Ostervald à Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe, adressée. (F)
Bibliothèque de Genève, Ms fr 490 (f.3-4)

Budé, Lettres, III, p.98-100.

Je vous rens mille

Ostervald s'est réjoui de la vocation d'[Antoine I] Léger à la chaire de théologie et du fait que JA se porte mieux; puisque les attaques de son ami sont plus courtes et moins violentes, il espère que sa santé s'affermira de plus en plus. Il arrive souvent qu'on soit infirme jusqu'à 40 ans, qu'on se rétablisse ensuite et qu'on vive jusqu'à 80 ans. C'est le cas de l'un des pasteurs de Neuchâtel qui en était arrivé au point de devoir prendre un adjoint et qui est finalement mort très vieux. JA doit être bienheureux d'avoir Léger comme collègue; la manière dont les choses se sont passées montre que la Compagnie est bien disposée et qu'elle rend justice au mérite. Il ne doute pas qu'[Étienne] Jallabert ne succède à Léger puisqu'il exerce les fonctions depuis longtemps et qu'il ne lui manque que le titre. Il est heureux aussi que le cousin de JA [Samuel] soit en examen car ils feront une excellente acquisition. Il ne manque à la joie de JA pour être parfaite que de consacrer un jour son propre fils. Sur le "ina plerothe " [en grec dans la lettre], Ostervald croit avoir remarqué un passage de Calvin qui devrait fermer la bouche à ceux qui veulent chicaner Samuel Turrettini. Il n'a pas le temps de feuilleter ses sermons sur Matthieu pour trouver le passage. La nouvelle liturgie de la cène va être introduite; ils l'ont corrigée et mise en meilleur état de sorte qu'il la croit excellente. Elle a été présentée au Conseil qui voulait la voir et celui-ci en a été enchanté; il a remercié la Compagnie et lui a notifié que l'Église de la ville de Neuchâtel voulait que cette liturgie soit introduite. Il se peut que les Églises de la campagne demandent la même chose. Maintenant rien n'empêche que la liturgie entière ne soit imprimée [Bâle, 1713]. Elle est du reste demandée avec insistance par Berlin. [Daniel Ernst] Jablonski a dit au chancelier [Émer] de Montmollin qu'il voulait la faire traduire en allemand et la faire imprimer; même des docteurs de Halle la demandent. Ostervald craint néanmoins les plaintes qu'on fera peut-être à Genève et ailleurs; il faudra laisser passer l'orage. Dans la préface, il ira au devant de ces plaintes possibles sans pour autant se justifier directement. À présent, il est occupé à un travail ennuyeux qui consiste à revoir les arguments et les réflexions sur tous les chapitres de la Bible et à les faire copier par la Société qui veut les faire traduire [London, 1716]. Quand il les avait composés, Ostervald ne pensait pas qu'on les demanderait d'ailleurs et n'y avait donc pas apporté tout le soin nécessaire; il est donc obligé de reprendre le travail, ce qui lui fait bien lire la Bible, puisque c'est la huitième ou neuvième fois qu'il le fait depuis les douze ans qu'il travaille à la liturgie.

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