Lettre 2093 de Jean-Alphonse Turrettini Ă  Jean Sartoris

Lettre autographe, signée, adressée. Inédite. (F)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gd.S.7

Apres vous avoir

JA rend compte à Sartoris d'une affaire assez importante. [Pieter] Burman, professeur d'Utrecht, a publié une satire [Le gazetier menteur] contre [Jean] Le Clerc dans laquelle il parle de façon très injurieuse de l'Académie de Genève et de JA en particulier. Celui-ci a fait venir les articles en question et les envoie à Sartoris avec prière de ne les montrer à personne. La seule raison qui a irrité cet homme contre Genève est que cette ville est la patrie de Le Clerc et que Le Clerc a loué les harangues de JA dans sa Bibliothèque choisie. Et voilà le crime de Genève. Du reste, il adresse des critiques à l'ouvrage de JA sur les jeux séculiers en lui reprochant d'avoir rempli la harangue de citations alors qu'un orateur ne doit jamais alléguer d'autres auteurs. Or, il ne s'est même pas aperçu que cet ouvrage n'était pas une harangue mais une réponse à des questions relatives à des points d'antiquité, ce qui exigeait, bien évidemment, des citations. Tout le reste n'est qu'injures et choses censées rendre JA odieux à propos de l'abolition [de la signature obligatoire du Consensus]. Le comble est que celui [Jean Masson] qui a fourni à Burman les mémoires pour ses attaques a été à Genève et que JA ne l'aurait jamais soupçonné. Il faut voir quoi faire à présent; il y a trois possibilités: 1) laisser tomber la chose (c'est la solution pour laquelle JA a le plus de penchant mais on lui a écrit que l'affaire faisait un énorme bruit en Hollande et le silence ne semble pas la bonne tactique) 2) répondre à Burman soit dans la préface d'une harangue soit dans un périodique. C'est une solution qui présente des inconvénients puisque certains articles qu'il faudrait citer sont délicats et que Burman répondrait sûrement et de façon probablement plus emportée 3) engager le Magistrat de Genève à faire des plaintes à celui d'Utrecht. C'est peut-être la meilleure solution mais elle présente la difficulté qu'il faudrait rendre publiques les attaques de Burman, ce qui pourrait réactiver certaines réactions. Une solution consisterait à montrer au Magistrat seulement le premier feuillet contenant les injures contre l'Académie et ajouter que l'auteur décrie par la suite JA. L'expéditeur demande à Sartoris de réfléchir sur l'affaire et de transmettre les feuilles à [Antoine I] Léger, en le priant d'observer lui aussi le plus strict silence. Après cela, les trois hommes pourraient se voir dimanche après le prêche du soir avec [Jean-Robert] Chouet; c'est ce dernier qui a indiqué cette heure.

Adresse

Genève

Commentaire

JA a été informé des attaques de Burman par la lettre de Le Clerc du 05.06.1710, ce qui explique la datation proposée.

Lieux

Émission

RĂ©ception

Genève

Conservation

Genève

Cités dans la lettre