Lettre 1860 de Jean-Frédéric I Ostervald à Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe, adressée. (F)
Bibliothèque de Genève, Ms fr 489 (f.223-224)

Gretillat, Ostervald, p.XXIII, n°42.

Je vous écris aujourd'huy

Ostervald demande l'avis de JA sur une question délicate et urgente. Un pasteur du pays, âgé de 26 ans et en fonction depuis un an ou deux [Jonas Brandt], a commis une impureté avec sa servante [Fatton] ; le bruit courait depuis longtemps mais l'affaire a éclaté quand la grossesse est devenue manifeste. À cette occasion, le ministre a fait publier les annonces pour le mariage mais toujours sans avouer sa faute. Il l'a par la suite reconnue devant les pasteurs mais ses aveux ont fait comprendre que le commerce durait depuis longtemps. On l'a pour l'instant suspendu de ses fonctions mais il faut prendre une décision pour la suite, soit de lui ôter le ministère pour toujours soit de lui laisser espérer une réintégration plus tard. C'est à ce propos qu'il aimerait avoir l'avis de JA. Il y avait eu un cas semblable quatre ans auparavant et le ministre, appelé Merveilleux, avait été déposé; il faut dire qu'il avait aggravé son cas en essayant d'engager un jeune homme qui s'occuperait de la femme et de l'enfant. Il avait néanmoins à sa décharge le fait d'être soumis à des accès de folie alors que le jeune ministre en question est parfaitement sain; avant l'affaire, il avait même la réputation d'être sage et très éloigné de ce genre de choses. Son Église est près de la frontière avec la Bourgogne et les papistes, comme du reste tout le peuple, crient au scandale, en dénigrant le corps pastoral dans son ensemble. [David II] Ancillon est parti avant hier; il passera par Berne et Zurich. On parle avec appréhension de l'approche de troupes françaises mais on fait confiance aux assurances positives qu'on a reçues à propos des menaces de [Brulart] de Puysieulx, qui devraient rester sans effet. Au moment de clore la lettre, Ostervald a reçu la dernière de son correspondant; il est chagriné d'apprendre l'état de santé de l'oncle de JA [Bénédict II Turrettini] mais il faut se soumettre à la volonté de Dieu et cela d'autant plus quand les personnes qu'on aime sont âgées. Il ne faut pas que la santé de JA lui-même s'en ressente. Il paraît que [Ferdinand] de Montmollin a des livres pour JA. Par une lettre de Bâle, Ostervald apprend qu'on est fortement menacé et cette inquiétude empêche qu'on puisse entièrement goûter à la joie pour l'élection du roi [Friedrich I]. Mise à part Berne qui a nommé des députés pour venir féliciter de Metternich, les autres Cantons évangéliques n'en envoient pas et ne répondent même pas aux lettres. La ville de Landeron n'a pas voulu jusqu'ici prêter serment au roi.

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