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Lettre 1759 de Jean-Frédéric I Ostervald à Jean-Alphonse Turrettini

[Neuchâtel] 15.01.1707

Je n'ay point encore

Ostervald envoie une lettre pour [Bénédict] Pictet. Il a appris par la Gazette la mort de Bayle mais d'une manière différente de celle que JA lui avait indiquée dans sa lettre. C'est un dangereux ennemi de la religion qui s'en va au moment où il mettait la dernière main à ses attaques contre les vérités divines. Là où il se trouve maintenant le pyrrhonisme et le bel esprit ne servent à rien. L'affaire de Livourne l'a réjoui et JA ferait bien de lier commerce avec le docteur Kennet. Il n'a...

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[Neuchâtel] 15.01.1707


Lettre autographe, adressée. (F)
Bibliothèque de Genève, Ms fr 489 (f.172-175)

Budé, Lettres, III, p.51-55.


Je n'ay point encore


Ostervald envoie une lettre pour [Bénédict] Pictet. Il a appris par la Gazette la mort de Bayle mais d'une manière différente de celle que JA lui avait indiquée dans sa lettre. C'est un dangereux ennemi de la religion qui s'en va au moment où il mettait la dernière main à ses attaques contre les vérités divines. Là où il se trouve maintenant le pyrrhonisme et le bel esprit ne servent à rien. L'affaire de Livourne l'a réjoui et JA ferait bien de lier commerce avec le docteur Kennet. Il n'a pas entendu parler de la démarche des Suisses mais on a une si pauvre opinion d'eux que leur intervention ne doit pas être d'un grand poids. On lui écrit d'Angleterre que l'affaire de Bâle est sur la bonne voie. Ostervald et ses collègues se sont réjouis en apprenant que la Compagnie de Genève avait pris la résolution d'examiner la conduite des proposants. Il fera valoir cela dans la prochaine assemblée. Il envoie le jour même les prières à Appia en lui disant de ne rien faire dans les Vallées qui ne soit approuvé par [Antoine I] Léger et JA. [Ferdinand] De Montmollin lui écrit de Londres qu'il est rebuté par la lenteur des Anglais dans l'affaire de la correspondance; il attend néanmoins les lettres d'Ostervald aux prélats anglais. Pendant le séjour qu'il a fait à Oxford, il a remarqué qu'il y a plus de vieux levain qu'il ne croyait. La raison pour laquelle on a élu un vice-chancelier aussi rigide [Lancaster] c'est parce que l'Université n'a pas voulu d'un homme très modéré qu'on avait proposé auparavant; elle voulait quelqu'un de son parti. La Société, dans la lettre écrite à [Bénédict Pictet (?)] a fait mettre "qu'on espère que son respect pour l'Église anglicane et sa modération redoublent en cette occasion". [Ludwig Friedrich] B[onet] a été surpris d'apprendre qu'il y avait eu des oppositions à cette élection et se demande d'où ces messieurs tiennent leurs informations. Il donne par la suite des nouvelles d'un nommé Néau, confesseur de la foi qui a beaucoup souffert à Marseille et que la Société a établi à New York pour catéchiser les Indiens et les « Nègres ». Ostervald lui a demandé des renseignements sur ce pays-là, les habitants, la religion, les coutumes et la langue indiennes, les éventuels livres. Et voilà ce qu'il répond. Il instruit surtout les esclaves noirs nés en Afrique ou en Asie et qu'on a amenés en Amérique pour servir à perpétuité dans les colonies. Il s'agit de gens d'un naturel stupide, tellement grossiers et charnels que les choses les plus simples leur sont incompréhensibles; en outre leurs maîtres, craignant que le baptême ne leur confère des libertés civiles, n'ont aucun empressement à ce qu'ils suivent une instruction religieuse. Néau en a néanmoins une douzaine qui apprennent bien; il les instruit pour les conduire vers le ministre de la paroisse quand ils seront en état d'être baptisés. Il est difficile de dire quel effet ont sur eux les mystères; ils ne font pas d'objections et semblent plus touchés quand on leur parle de l'éternité et de l'infinité de Dieu. Ils n'émettent pas de doutes sur la personne de Jésus-Christ. L'article de la polygamie est un problème pour eux. On pourrait en tirer quelque chose de bon si les maîtres n'étaient pas aussi avares. Les ministres de la campagne instruisent les blancs et les noirs, tant indiens qu'étrangers; cela se fait dans la langue du maître qui est soit l'anglais, soit le français soit le hollandais. Chaque province a sa langue et les Indiens de New York et ceux de Boston ne s'entendent guère. Les livres indiens sont dans la langue qu'on parle à Boston; ces livres sont la Bible, la pratique de piété et quelques catéchismes. Ostervald avait demandé une Bible en langue indienne mais Néau lui a répondu qu'il n'en connaissait ni manuscrit ni imprimé. Pour ce qui est des Indiens originaires du pays, il y en a très peu et il semble que la providence veuille en éteindre la race; ils se plaignent que Dieu les arrache pour planter des chrétiens à leur place. Il s'a"git de gens fainéants, qui ne s'occupent ni d'eux-mêmes ni de leurs enfants et ne cherchent la nourriture (coquillage et chasse) que quand ils ont faim. Ils sont très maigres et se promènent nus ou à peu près; ils n'ont pas de maisons et dorment en plein air. Ils ont l'apparence d'hommes mais leurs actions sont animales. Pour ce qui est de leur religion, (Ostervald avait posé la question à partir de la querelle entre Bayle et ses adversaires sur le consentement des peuples), ils ont quelques notions de Dieu mais sans lui rendre de culte. Les arts et les sciences sont tout à fait inconnus. Néau a fait des remarques précises et pieuses sur l'état dans lequel est tombé l'homme à la suite du péché d'Adam. Il ajoute qu'une des raisons qui freine la diffusion de l'Évangile parmi ces peuples est la division qui règne parmi les chrétiens – Anglais, calvinistes et luthériens – chacun avec sa discipline particulière. Le libraire d'Ostervald en Hollande le presse de lui remettre le manuscrit [Traité contre l'impureté] ; c'est pourquoi il demande à JA de le lui renvoyer, si possible par ce même ordinaire.

Adresse

Genève


Lieux

Émission

Neuchâtel

RĂ©ception

Genève

Conservation

Genève


Cités dans la lettre

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