Lettre 1402 de Jean-Alphonse Turrettini à Madame

Minute autographe. Inédite. (F)
Bibliothèque de Genève, Ms fr 481 (f.207-208)

La dernière lettre

La dernière lettre que la destinataire a écrite à son parent a rempli tout le monde d'affliction, face à ce nouveau fardeau dont il a plu à Dieu de la charger. On lui a en effet arraché ce qu'elle avait de plus cher et la pensée de ce à quoi on doit forcer ces petites créatures doit être intolérable à la femme de piété qu'elle est. Et maintenant on menace de lui enlever sa liberté en la mettant ainsi hors d'état d'être utile à ses chers enfants. Mais il ne faut pas qu'une chrétienne comme elle se laisse emporter par la douleur. Elle doit se rappeler toujours que tous les événements sont régis par la providence et que les biens et les maux nous sont envoyés par Dieu. Les souffrances nous sont du reste salutaires puisque souvent, dans la prospérité, on marche, comme David, hors des chemins, alors que dans l'adversité, on observe beaucoup mieux les commandements de Dieu. Dieu n'abandonnera pas la destinataire puisqu'il a promis d'être près des cœurs désolés. Elle doit être assurée que Dieu sera toujours avec elle et avec sa chère famille et qu'il la préservera comme il a préservé Daniel dans la fosse aux lions. Tout ce qu'elle a à faire, c'est de lui être fidèle jusqu'à la mort et de ne jamais trahir sa conscience. Au fond, cette vie est si courte au regard de l'éternité que tout ce qui nous arrive ne doit pas nous toucher beaucoup. Notre existence est un état d'épreuve: Dieu veut voir si nous l'aimons. Le parent de la destinataire lui déconseille de se laisser enfermer pour faire libérer ses enfants et JA est du même avis car il ne voit pas ce qu'elle gagnerait à un tel choix; elle serait au contraire dans l'impossibilité d'être utile à sa famille. Du reste, si l'on contraint ses enfants à des actes contraires à leur devoir, cela ne doit pas la désespérer car Dieu ne nous impute pas ce que nous sommes obligés de faire contre notre gré. Et les semences qu'elle a jetées dans le cœur de ses enfants empêcheront qu'ils soient corrompus.

Adresse

?

Commentaire

Il ne nous a pas été possible d'identifier la correspondante. Tout ce qu'on peut dire sur elle, c'est qu'il doit s'agir d'une Française, restée protestante, ayant de la parenté à Genève et dont les enfants ont été enlevés et amenés dans des couvents dans le but qu'ils abjurent leur foi. Il y a une forte parenté entre cette lettre et les 4943 et 4944. Il pourrait s'agir d'une même destinataire; si tel était le cas, on saurait en plus que son mari est en vie, que ses enfants sont des filles et qu'elle est enceinte.

Lieux

Émission

Réception

Conservation

Genève

Cités dans la lettre