Lettre 1069 de Jacques-Gaspard Janiçon du Marsin à Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe, signée. Inédite. (F)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gd.J.4

Je prens la liberté

Janiçon du Marsin prend la liberté d'écrire à JA sans le connaître personnellement mais il est confiant à cause de la bienveillance que celui-ci a toujours manifestée à l'égard de son père [François]. Il lui demande un service à Berne où, grâce à quelques connaissances qu'il a dans cette ville, il s'est offert comme agent à Paris. Il paraît qu'à Berne on a beaucoup de demandes de ce genre, toutefois le fait qu'il n'exige pas de pension fixe mais une récompense ponctuelle pourrait le favoriser. Il prie JA d'appuyer sa demande auprès du conseiller [Beat] Fischer ou d'autres personnes de sa connaissance. Il a montré à plusieurs personnes le Sermon sur la charité de JA; il lui envoie une copie d'une lettre de Bayle à son père. Puisqu'il sait JA curieux de tout ce qui se passe dans la République des Lettres, il va lui donner quelques nouvelles, bien que le printemps soit, pour les livres, un véritable hiver. L'archevêque de Reims [Charles-Maurice Le Tellier] a écrit à la Cour de Rome, avec d'autres prélats, pour faire condamner le livre de feu le cardinal Sfondrati sur la prédestination [Nodus prædestinationis] ; mais le cardinal était une créature du pape [Innocent XII], ce qui fait douter du succès de la démarche. Le même archevêque a écrit sur le sujet une autre lettre [Sentiment de monseigneur] dont Janiçon recopie un passage qui défend aux protestants de se prévaloir du livre du cardinal pour accuser l'Église romaine de pélagianisme. Depuis peu paraît un libelle de 30 pages intitulé Lettre d'un historien qui devrait être du médecin Bernier, déjà auteur d'une Histoire de Blois. Il y attaque un jésuite, pour ne pas l'avoir mentionné en parlant des historiens, et l'Histoire de la médecine de Le Clerc. Il définit cette dernière comme pitoyable, bien à tort, semble-t-il, puisqu'elle est très louée et Dacier y a abondamment puisé dans son introduction à Hippocrate. À propos de Dacier, il a fait le récit à l'Académie d'un entretien qu'il a eu avec le roi [Louis XIV] quand il est allé lui annoncer l'élection de Cousin; le roi répondit qu'il le connaissait et qu'il félicitait l'Académie de ne pas céder aux recommandations et aux sollicitations. Janiçon renonce à envoyer à JA la Lettre pastorale de l'archevêque de Rouen [Jacques-Nicolas Colbert] au sujet d'un libelle du jésuite Buffier puisqu'il pense que son correspondant le possède déjà. Il a vu un manuscrit qui sera imprimé sans doute et qui s'intitule «Les raisons que le père Buffier a de ne pas se soumettre à l'archevêque de Reims». Il se sert des mêmes raisons des jansénistes pour ne pas signer le formulaire et désavoue une partie du libelle qu'on lui attribue. Il paraît depuis peu une Histoire du maréchal de Boucicaut dont plusieurs personnes ne font pas de cas. Deux livres enfin qui sont sous presse, une histoire de l'ordre de la visitation de la Vierge du père Ménestrier et les Lettres du cardinal d'Ossat dans une nouvelle édition augmentée sur la base des meilleurs manuscrits de la Bibliothèque du Roi.

Adresse

[Genève]

Commentaire

Lieux

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Réception

Genève

Conservation

Genève

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