Lettre 662 de Bénédict Pictet à Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe, signée. Inédite. (F)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gd.P.20

J'aurois plutot

Pictet remercie JA de toutes les bontés qu'il a eues à l'égard de son fils [Théodore] ; avant de lui répondre, il a attendu de pouvoir lui envoyer quelques petits travaux de celui-ci. Il s'agit de deux brouilleries, l'une à l'encre de Chine, l'autre à la plume; il faut avouer toutefois qu'il en a fait de meilleures. [Jacques-Antoine] Arlaud jugera de ses capacités. Il remercie JA des nouvelles qu'il lui donne de la République des Lettres. Pictet a su qu'il avait été témoin de l'introduction de deux nouveaux académiciens [Bignon et La Bruyère] et on lui a dit aussi qu'il n'avait pas été satisfait de la harangue de La Bruyère. Il n'en est pas surpris au vu du galimatias dont, lui semble-t-il, il parsème ses Caractères de Théophraste. À Genève, la chaire de philosophie donne beaucoup de travail et Pictet fournit à son cousin quelques détails. Il fit une affiche par ordre des Messieurs pour inviter les citoyens ainsi que les étrangers intéressés par cette profession à donner leur nom le 3 du mois. Plusieurs s'inscrivirent. On donna à Pictet les noms de Lamande, jadis professeur à Die, qui n'est pas venu (?) ; du fils de [Pierre] Gautier [Jean-Antoine], suivi d'[Étienne] Jallabert, enfin de Baudichon [Jean-Daniel de la Maisonneuve] et de [François] Mestrezat. Quelques jours plus tard, Jallabert vint reprendre son nom, sollicité par Gautier et par ses parents. Le vendredi, [Jacques] Sarasin donna son nom à la Compagnie mais demanda à être exempté de tout exercice à cause de son âge et des témoignages qu'il possède de sa part, mais on le lui refusa. Il sembla alors vouloir céder le champs aux trois Genevois mais le jour suivant, il revint à la charge et demanda au Conseil de lui accorder la grâce que la Compagnie lui avait refusée. Il fut également débouté. Les candidats prirent le texte le lundi suivant. Mestrezat se retira en cédant sa place à Sarasin, sous prétexte qu'il ne voulait pas entrer en conflit avec lui. On a été très satisfait des trois autres, tant pour la logique (De syllogismo in genere) que pour la physique (De vi elastica). On verra maintenant comment ils se débrouilleront avec la dispute. Gautier le père est tellement agité pour son fils qu'il ne dort ni le jour ni la nuit. Pictet a été surpris d'apprendre que Monsieur de Meaux [Jacques-Bénigne I Bossuet] n'a fait que six Lettres pastorales; il croyait qu'il y en avait davantage. Pictet demande à JA de se renseigner pour savoir s'il existe de grandes cartes pour apprendre aux enfants la géographie par le jeu de dés. En effet la surdité de son fils ne lui permet d'apprendre quelque chose que par les yeux. Il est très peiné de cela et du peu qu'on peut lui enseigner. Quant au cadet [Jean-François], il n'a ni mémoire, ni application ni voix distincte ni disposition non pas à être docteur, son père n'y pense point, mais à apprendre ce qu'il faut pour ne pas être tout à fait bête. JA peut juger à cela le chagrin qui l'accable. On a sûrement appris à JA les aventures d'une demoiselle [Isabeau Tolosan de Saint-Aubance] de Remolon avec le jeune [Marc-Conrad] Trembley; c'est un autre sujet de chagrin pour Pictet, qui s'était mêlé des affaires de cette famille.

Adresse

[Paris]

Commentaire

Lieux

Émission

Réception

Paris

Conservation

Genève

Cités dans la lettre