13 Lettres

Lettre 660 de Barthélemy Micheli du Crest à Jean-Alphonse Turrettini

Genève 19.06.1693 [09.06.1693]

Je vous le disois bien

Micheli a eu la goutte mais maintenant il en est délivré. On a depuis quelques jours de très grandes chaleurs qui ont fait renaître quelques espoirs pour la récolte; que Dieu la mène à bon port, puisqu'il y a une grande misère et pénurie de tout. Il faut qu'avec ces chaleurs JA fasse particulièrement attention; en effet, ajoutées au changement de climat et de nourriture (beaucoup plus succulente à Paris), elles peuvent être nuisibles. JA devrait se faire saigner, ne pas trop manger, ne pas trop...

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Genève 19.06.1693 [09.06.1693]


Lettre autographe, signée. Inédite. (F)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gd.M.20


Je vous le disois bien


Micheli a eu la goutte mais maintenant il en est délivré. On a depuis quelques jours de très grandes chaleurs qui ont fait renaître quelques espoirs pour la récolte; que Dieu la mène à bon port, puisqu'il y a une grande misère et pénurie de tout. Il faut qu'avec ces chaleurs JA fasse particulièrement attention; en effet, ajoutées au changement de climat et de nourriture (beaucoup plus succulente à Paris), elles peuvent être nuisibles. JA devrait se faire saigner, ne pas trop manger, ne pas trop marcher quand il fait chaud et utiliser toutes les commodités pour épargner ses pieds. Comme JA le demandait dans ses lettres, Micheli a transmis ses compliments au résident [d'Iberville]. Il sera content de la promotion de son ami La Bruyère mais Micheli ne lui dira pas qu'il n'a pas bien harangué. On transmettra naturellement à [Isnard] du Terrier les honnêtetés de Lacombe. Il ne faut pas que JA soit rebuté par la longueur du procès; il doit être hardi à faire intervenir les amis et ne rien négliger quand il s'agira du jugement. Micheli aimerait avoir des nouvelles de Du Boulay, amant de [Marie-Sidonia] de Courcelles, qui devrait être parmi les connaissances de l'abbé de Combré. Il devrait aussi voir les enfants du comte d'Entragues que Micheli considère un peu comme ses propres enfants de par l'amitié qu'il avait pour leur mère. Il se peut que la curiosité pousse JA à aller à Saint-Cyr mais Micheli ne sait même pas s'il est permis de s'y rendre. Il faut que JA sache que Madame Prioleau [Priolo de La Viennerie (?)], qui y est directrice du spirituel, est une proche parente de Micheli. S'il la voit, il devra se faire reconnaître. La dispute pour la chaire de philosophie commence aujourd'hui; [Bénédict] Pictet lui en fera le détail. [Jacques] Sarasin dispute alors que [François I] Mestrezat et [Étienne] Jallabert se sont désistés. Micheli n'est pas en mesure de lui dire quoi que ce soit sur le Piémont; on sait seulement que les troupes des alliés doivent être arrivées sur la plaine. On a fait de grands magasins du côté de Coni et du val d'Aoste. Il est difficile de passer un si grand corps par le Saint-Bernard. Catinat a l'avantage de faire avancer les troupes par un plus court chemin, ce qui fait croire qu'on doit regarder cela comme une diversion. La santé du prince [Victor-Amédée II] n'est pas bonne mais il veut prendre le commandement. Pour ce qui est de la levée de Zurich, Valkenier a dit qu'il l'avait demandée au Magistrat qui la lui avait refusée; on a même mis en prison des gens qui avaient commencé à lever. Sous la pression du peuple, poussé en cela par les ministres, qui ont une trop grande autorité dans le Canton, le Magistrat commença par relâcher les prisonniers et promit de traiter de la capitulation. C'est ce qu'ils firent mais avec l'idée de la tenir tellement haute que ce serait un moyen de la rompre, comme c'était arrivé à celle de Coxe. Mais Valkenier, sans même lire les articles, la signa. Ils ont ainsi donné quatre compagnies qui ne serviront jamais contre la France et qui resteront toujours en garnison. On croyait qu'ils feraient la même demande à Berne mais ils ont découvert que celle-ci ne la signerait pas. Le colonel Capol a levé dans les Grisons un régiment de huit compagnies. La prise si facile d'Heidelberg ainsi que le passage sur le Rhin de Monseigneur [Louis I de France], qui ne trouvera rien qui s'opposera à son armée bien fournie, fera réfléchir les Suisses sur leur sage conduite passée et sur le peu de raisons qu'ils ont de la changer.

Adresse

[Paris]


Lieux

Émission

Genève

RĂ©ception

Paris

Conservation

Genève


Cités dans la lettre

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