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Lettre 4133 de Hans Kaspar II Escher à Jean-Alphonse Turrettini

Zurich 25.03.1730

Je suis de retour

Escher est de retour des Grisons depuis deux mois; leurs différends sont maintenant entièrement assoupis, ce qui constituait le but de la mission dont il avait été chargé. Ils s'assemblent et traitent leurs affaires selon leurs anciennes coutumes. Pour le reste leur gouvernement est pitoyable: il y a 63 souverainetés, presque toutes partagées en factions. En dépit de cela, il y a dans cette région une bonne quantité de personnes respectables par leur vertu et leur zèle pour la religion. Il est v...

Zurich 25.03.1730


Lettre imprimée. (F)
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Budé, Lettres, II, p.364-367.


Je suis de retour


Escher est de retour des Grisons depuis deux mois; leurs différends sont maintenant entièrement assoupis, ce qui constituait le but de la mission dont il avait été chargé. Ils s'assemblent et traitent leurs affaires selon leurs anciennes coutumes. Pour le reste leur gouvernement est pitoyable: il y a 63 souverainetés, presque toutes partagées en factions. En dépit de cela, il y a dans cette région une bonne quantité de personnes respectables par leur vertu et leur zèle pour la religion. Il est vrai qu'ils ne se mêlent que de façon limitée des affaires politiques mais essaient de tenir la bride aux factieux. Ils ont décrêté de nouveau l'expulsion des réformés de la Valteline. Ces décrets ne sont généralement pas exécutés mais il est fâcheux de voir que des réformés se laissent aller à de tels actes pour complaire à l'empereur [Karl VI]. Les Grisons comptent 30'000 combattants sur leur territoire auxquels il faut ajouter 15'000 hommes de la Valteline et des comtés de Chiavenne et de Bormio. Le rapport entre les protestants et les catholiques est de 2/3 contre 1/3; les protestants ont l'avantage quantitatif mais aussi qualitatif puisqu'il y a parmi eux un plus grand nombre de gens de mérite et aussi davantage de biens temporels. Ils ont 119 paroisses bien nombreuses ; parmi les pasteurs, il y en a de vénérables par leur savoir et par leurs mœurs et ils ne se piquent guère d'orthodoxie. Dans l'Engadine, il y a cette tradition que, quand un membre de la paroisse a été ordonné pasteur, le ministre du lieu est obligé de partager avec lui sa charge et son bénéfice; on voit ainsi souvent des bénéfices modestes partagés entre plusieurs personnes. Dans la plupart des paroisses, le service est en allemand mais il y a deux vallées où on parle deux langues uniques et très différentes entre elles. Ils ont les Psaumes, le Nouveau Testament et plusieurs livres de dévotion traduits dans ces deux langues et dans l'une d'entre elles la Bible entière. Depuis la dernière Diète de Soleure, on ne parle plus de l'alliance avec la France. On a la paix perpétuelle avec cette couronne et une alliance n'est pas nécessaire. La Suisse protestante peut servir la France en gardant ses passages et en lui permettant des levées en cas de besoin. Or qui connaît le pays sait que la France peut compter sur ces deux engagements sans qu'il faille une alliance. Cette sorte de négociation coûte cher et peut créer des peines et des jalousies. Escher est sûr que les Cantons protestants sont plus attachés à la France que les catholiques, qui reçoivent pourtant de ce pays beaucoup d'argent.

Adresse

[Genève]


Lieux

Émission

Zurich

Réception

Genève

Conservation


Cités dans la lettre