5000 Lettres

Lettre 3647 de Jean-Frédéric I Ostervald à Jean-Alphonse Turrettini

[Neuchâtel] 29.06.1726

Peu aprés vous avoir

Ostervald était très inquiet quant à la santé de JA à cause de ce que son fils [Jean-Rodolphe II] lui a appris, mais il est soulagé d'apprendre qu'elle se rétablit. Il n'ose pas penser à ce qui se produirait si JA venait à mourir, lui qui est l'âme et le premier mobile de tout ce qui se fait de bon dans ces quartiers; il faut un nom comme le sien pour contrecarrer un certain parti qui semble prendre le dessus dans certains endroits en Suisse. Il est mortifié que [Gabriel] Bergier ne soit pas pro...

+ 4 pages

page 1

ms_fr_00491_f067r_ug64786_turrettini_file.jpg

page 2


ms_fr_00491_f067v_ug64787_turrettini_file.jpg

page 3

ms_fr_00491_f068r_ug64788_turrettini_file.jpg

page 4


ms_fr_00491_f068v_ug64789_turrettini_file.jpg

page 5

ms_fr_00491_f069r_ug64790_turrettini_file.jpg

page 6


ms_fr_00491_f069v_ug64791_turrettini_file.jpg

[Neuchâtel] 29.06.1726


Lettre autographe, adressée. Inédite. (F)
Bibliothèque de Genève, Ms fr 491 (f.67-69)


Peu aprés vous avoir


Ostervald était très inquiet quant à la santé de JA à cause de ce que son fils [Jean-Rodolphe II] lui a appris, mais il est soulagé d'apprendre qu'elle se rétablit. Il n'ose pas penser à ce qui se produirait si JA venait à mourir, lui qui est l'âme et le premier mobile de tout ce qui se fait de bon dans ces quartiers; il faut un nom comme le sien pour contrecarrer un certain parti qui semble prendre le dessus dans certains endroits en Suisse. Il est mortifié que [Gabriel] Bergier ne soit pas professeur; si un Allemand avait une place à l'Académie de Lausanne, adieu la bonne théologie. Le poste de diacre occupé par [Jean-Louis] Chouppard est occupé par Bugnot, homme de mérite que JA a vu à Genève et qui est apparenté à Ostervald; son concurrent était [Ferdinand] de Montmollin, autre ami d'Ostervald et qu'il chérit de tout son cœur. Il a assisté à cette concurrence, très vive, avec douleur et on en voit maintenant les tristes conséquences puisque l'affaire a dégénéré en parti politique, par l'effet non pas tant des concurrents que de leurs parents. La confusion ne fait que croître dans le pays; la Compagnie des pasteurs est attaquée ouvertement par les bourgeois de Valangin qui, sous l'impulsion de certains meneurs et des créatures de Strunkedé, dépassent toute mesure et adoptent des résolutions très violentes contre les pasteurs sans que le gouvernement ne s'y oppose. Rien ne parvient au roi [Friedrich Wilhelm I] qui ne connaît rien aux affaires du pays et n'aime pas les détails; tout passe par les mains de son ministre [d'Ilgen]. On voudrait porter plainte auprès du roi mais comment la lui faire parvenir puisqu'il ne voit pas une seule lettre? Ostervald avait pensé écrire à l'archevêque [Wake], mais il a ensuite abandonné l'idée puisque les ministres d'Angleterre sont liés avec ceux de Berlin. On ne sait pas si la révolution arrivée en France n'aura pas de retombées sur les affaires de Neuchâtel puisque que le baron et d'Ilgen étaient fort liés avec ceux qui voulaient faire passer le pays au duc de Bourbon. Le jeune [Henri] Pury est de retour ; il ne prêche pas et on dit qu'il est dans des sentiments particuliers. Il y a une affaire qui fait beaucoup de bruit à Neuchâtel en ce moment; elle concerne Maurice de Chambrier, fils du maire [Frédéric] et neveu d'Ostervald, un homme de 37 ans, d'un esprit noir, faible et malin. Il a fait des promesses de mariage à la fille d'un tonnelier [Catherine Hachen] originaire du pays de Berne et qu'il avait fréquenté quelque temps; tout cela naturellement à l'insu de son père et d'une façon toute clandestine. Quand le père le sut, il traita son fils comme il le méritait et, pour l'empêcher de sortir de la maison, il lui fit enlever tous ses habits. Au bout de quelques semaines, le fils afficha des sentiments différents, manifestant son intention de retirer le billet de promesse qu'il fit demander à la fille. Il alla rendre visite à Ostervald en demandant pardon de ce qu'il avait fait; il consentit même qu'on fît une notification à cette fille. Mais le tout n'était qu'une comédie pour gagner la liberté. Il sortit de la maison sans rien dire à personne, passa le lac à Morat où la fille se trouvait pour le rejoindre et de là ils allèrent à Berne où le frère de la fille, homme insolent et vain, leur avait procuré un passeport de l'État de Berne sur lequel il était marqué que Chambrier avait été à Berne, s'y était bien conduit et s'en allait en Hollande avec sa promise. Muni de ce document, ils se rendirent ensuite près de Bâle, avec le frère. Leur mariage y fut béni. Ils retournèrent enfin à Neuchâtel en s'affichant publiquement. Ils sont actuellement chez le tonnelier. Le Consistoire a fait des remontrances très fortes et le Magistrat a donné au père de la fille l'ordre de partir mais l'homme est toujours dans le pays. Ostervald raconte par la suite comment le fils a contribué à accabler encore son père, déjà en disgrâce politique. Bref, du jamais vu. Ostervald aimerait savoir comment on se condu"irait à Genève; le mariage serait-il considéré comme valable, compte tenu du fait qu'il a été célébré clandestinement, sans publication d'annonces et entre personnes de condition si inégale? supporterait-on le couple? Ostervald se réjouit de voir le Nouveau Testament [Genève, 1726] mais il est surpris que la Compagnie veuille lui en envoyer un exemplaire. Cela est dû certainement à l'amitié de JA.

Adresse

Genève


Lieux

Émission

Neuchâtel

RĂ©ception

Genève

Conservation

Genève


Cités dans la lettre

+ 4 pages

page 1

ms_fr_00491_f067r_ug64786_turrettini_file.jpg

page 2


ms_fr_00491_f067v_ug64787_turrettini_file.jpg

page 3

ms_fr_00491_f068r_ug64788_turrettini_file.jpg

page 4


ms_fr_00491_f068v_ug64789_turrettini_file.jpg

page 5

ms_fr_00491_f069r_ug64790_turrettini_file.jpg

page 6


ms_fr_00491_f069v_ug64791_turrettini_file.jpg