Lettre 596 de Jean-Alphonse Turrettini à Bénédict II Turrettini

Lettre autographe, signée, adressée. Inédite. (F)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Ea.5.7

Je vous ecrivis... il y a 8 jours

La famille croit JA sur le point de partir mais en réalité il ne sait pas encore quand le roi partira, vraisemblablement vers la mi-mars; il n'est pas contrarié de ce retard puisque la saison sera meilleure. C'est du reste la raison pour laquelle il n'a pas accompagné de Mirmand qui part demain ou après-demain. L'hiver a été doux et tempéré contrairement à ce qu'ils ont eu à Genève: il paraît que c'est pratiquement chaque année la même chose ici, ce qui doit venir des vapeurs qui s'élèvent de la mer. Toutes les lettres du dernier paquet de la famille ont été ouvertes ainsi que celles de [Pierre I] Got. JA profite de ce temps pour achever ses dernières emplettes en livres, gants, bas, couteaux etc. ; il se sent un peu embarrassé pour les derniers articles car, contrairement à ce que croit la tante Marie [I Turrettini], il n'a pas fait de grands progrès dans ce domaine. Comme il l'avait annoncé dans sa lettre précédente, JA a finalement été présenté à la reine [Marie II] par [Galway] de Ruvigny; elle lui a posé beaucoup de questions sur son séjour anglais, sa connaissance de la langue, etc. et lui a confirmé que le roi [Guillaume III] avait connu François Turrettini en Hollande. Les personnes qui l'accompagnaient se sont émerveillées du nombre de questions, car d'habitude la reine aussi bien que le roi sont certes très aimables mais parlent peu. Elle l'a aussi félicité pour ses prédications. JA est très satisfait de cet entretien et cela d'autant plus que ce n'est pas lui qui l'a sollicité. Il demande à la famille de rester discrète sur cette histoire, ce récit étant réservé seulement aux quatre personnes qui sont les piliers de la chambre de Plainpalais [Bénédict II Turrettini, Marie I Turrettini, Barthélemy Micheli du Crest et Renée Diodati]. Il y a un grand émoi en Angleterre au sujet des Bills des Parlements que le roi doit soit passer soit casser; s'il les casse, comme on le croit, beaucoup de monde criera, si on les passe, ce sera un grand échec pour l'autorité royale et un pas vers la république. Les esprits sont très échauffés et on dit que ce n'est pas pour rien qu'on a changé Jacques [II Stuart] pour Guillaume et qu'on ne permettra pas le retour du pouvoir arbitraire. Il y a un climat de soupçon qui fait qu'on juge avec malveillance la démarche de la Cour. JA craint que de grands troubles n'arrivent à l'avenir. La vérité est que la monarchie n'est pas aimée et que beaucoup de monde préfèrerait la république sans penser que, dans l'état actuel, la république serait la ruine de cet État. Larrivée partira pour la campagne avec son mylord [William Wentworth de Strafford]

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