Lettre 4401 de Jacob Vernet à Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe, signée. (F)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gd.V.1-II

Extrait dans Budé, Vie de Vernet, p.55.

Depuis ma lettre

Vernet et Marc Turrettini ont très bien employé leur semaine à Breda; une armée mérite d'être vue, encore plus qu'une ville, car c'est une curiosité plutôt rare et que Vernet ne souhaite pas avoir aux portes de Genève. Ils ont dîné sous la tente du colonel [Samuel] Constant et le dernier jour ont vu [François-Louis] Faigaux chez le pasteur [Daniel] Clarion. Vernet et lui ont eu un aparté au cours duquel ils ont discuté des dispositions d'esprit de bon nombre de gens du pays et des ménagements qu'il devra prendre. Faigaux lui a paru très reconnaissant de la manière dont il a été reçu à Genève; il a une véritable vénération pour JA. Le pauvre homme a une chétive place; on y vit agréablement mais les gages sont seulement de 400 florins et ne suffisent pas pour vivre. Il faut seulement espérer que ses talents sauront le conduire plus loin. Des personnes puissantes se sont intéressées à lui après l'avoir entendu prêcher. Vernet et Turrettini ont parcouru, rapidement mais diligemment, Anvers, Bruxelles, Gand, Courtrai, Menin et Tournai. Quand on n'a qu'à voir les villes et non les personnes, on fait vite. Ils ont rencontré Jean-Louis Perdriau à Lille et ont visité cette ville en un jour et demi. On voyage partout dans des voitures publiques qui sont bonnes. De Lille, ils sont passés à Ypres et d'Ypres à Dunkerque; il a fallu quelques heures pour voir ce que la ville a été. Le port, les bassins, les chantiers etc. étaient parmi les choses les plus belles d'Europe mais, depuis la paix d'Utrecht, il ne reste que de tristes masures. Tout a été ruiné par les Anglais, au grand chagrin des habitants. Depuis huit jours, le temps ne les assiste plus; il pleut beaucoup et il y a du vent. Il ne pense pas qu'ils puissent partir demain et il n'y a pas de raison d'affronter l'orage. Ils sont néanmoins prêts pour la traversée. À Groningue, ils ont rencontré [Charles] Eliott qui a été élève de [Jean I] Barbeyrac et qui est parti pour aller à Genève chez [Ézéchiel (?)] Gallatin. Loriol [II] est ici et attend mylord [Thynne] de Weimouth. Le fils de JA ne montre guère de peur enfantine et sait bien prendre son parti; il a écrit à [François] Martel dès qu'il a été en mesure de lui donner des nouvelles de Du Plan. Vernet a aussi veillé à ce qu'il use de petites civilités avec les gens qui l'ont bien accueilli. L'expéditeur ignorait que JA eût reçu une lettre du prince de Frise [Willem IV Karel Hendrik Friso van Oranje-Nassau] sans quoi il n'aurait pas manqué d'en faire mention. Il lui détaille ensuite les derniers frais que son fils a dû engager dont aucun n'a été superflu; il trouvera peut-être excessif ce qu'ils ont dépensé à La Haye en habits et linge mais c'était nécessaire; ils ont dû acheter également pour Simon. Vernet remercie JA et sa femme de ce qu'ils font pour ce voyage. Il se peut que JA soit agité par ce mauvais temps; son faible tempérament a ses orages comme la mer. Le PS, écrit de Douvre au soir du premier octobre, annonce qu'ils ont bien passé la mer, même si le voyage n'a pas été très facile.

Adresse

[Genève]

Commentaire

Avec un PS daté du 01.10.1732.

Lieux

Émission

Réception

Genève

Conservation

Genève

Cités dans la lettre