Lettre 4170 de Jean-Frédéric I Ostervald à Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe, signée, adressée. Inédite. (F)
Bibliothèque de Genève, Ms fr 491 (f.144-145)

Je dois réponse

Un court séjour qu'il a fait à la campagne après le Jeûne a empêché Ostervald de répondre plus tôt aux lettres de JA. La thèse sur les attributs de Dieu [1730], dont il le remercie, lui a infiniment plu par la manière claire, simple, solide et sage qui la caractérise; les collègues d'Ostervald partagent la même opinion et sont reconnaissants qu'il ait voulu leur offrir un exemplaire. Il a lu avec satisfaction le Traité de la vérité de la religion chrétienne [sections I-II, 1730] qu'il trouve bien écrit; le maître d'œuvre [Jacob Vernet] a ajouté bien des choses aux dissertations latines de JA mais cela ne gâte rien. Il faut pourtant qu'Ostervald dise à JA que beaucoup de gens auraient préféré une simple traduction à cause de la netteté, de la brièveté et de la précision qui se trouvent dans les ouvrages de JA; mais c'est celui-ci qui peut juger mieux que personne. Quant à Ostervald, il pense que dans un livre en français il serait préférable, là où on parle d'athées, de déistes etc., de ne pas dire les choses aussi crûment qu'on peut le dire dans une thèse latine; et cela pour ne pas susciter des scrupules et des doutes dans le peuple. Il en va de même pour la prédication dans laquelle il faut beaucoup de prudence; Ostervald n'a jamais approuvé les sermons de [Jean-Pierre] de Crousaz qui rapportent dans tous leurs menus détails les objections des athées. En effet souvent le peuple saisit tout de suite celles-ci et non la réponse. JA fait la preuve de l'amitié qu'il a pour Ostervald en ce qu'il dit de ses petit-fils de Montmollin [George III et ?] ; il est regrettable qu'ils n'aient pas pu lui rendre leurs devoirs et leur mère [Barbe] lui est infiniment obligée de ce qu'il dit. Ostervald le remercie aussi d'avoir parlé à Cardoini en faveur de la femme dont l'expéditeur est le parrain [Susanne Pol] ; il est content qu'on ait dit du bien d'elle. Il semblerait que l'état de Wake ne soit pas aussi désespéré qu'on le craignait. JA a dû voir Le Moine, qui vient d'Angleterre et qui doit y retourner, c'est un homme de mérite. À Neuchâtel, on célébrera le jubilé au début de novembre; la Compagnie est de l'opinion d'en aviser celle de Genève pour qu'elle se joigne aux prières. Mais Ostervald demande son avis à JA puisque le Magistrat n'invitera pas officiellement la République ni l'Église; faut-il dans ce cas-là que la Compagnie le fasse ou qu'elle se limite simplement à communiquer ce qu'elle fera à cette occasion. Dans l'enveloppe, Ostervald ajoute qu'il n'a rien dit de certaines nouvelles qui se répandent à Neuchâtel comme à Genève; il a vu des lettres qui parlent "de la triste circonstance" où l'on se trouve. Il a de la peine à croire ce qu'on publie mais il doit bien y avoir quelque chose de vrai puisqu'on en parle de tous les côtés. Il attend d'en savoir quelque chose de plus certain.

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