5000 Lettres

Lettre 3942 de Jean IV Sarasin à Jean-Alphonse Turrettini

Londres 22.03.1728 [11.03.1728 (v.s.)]

Le jour aprés la

Après avoir reçu la lettre de JA, Sarasin a vu Le Courayer à Lambeth; il a été très sensible à l'honneur de son souvenir. Le Courayer a été très bien reçu en Angleterre et plusieurs personnes lui ont fait des présents considérables; le roi [George II] lui-même lui avait accordé une pension de 100 livres tournois mais, suite aux remonstrances de l'ambassadeur de France [de Broglie], il a dit que les nouvelles qui répandaient ce bruit étaient fausses. L'état de ses relations avec la France l'ont o...

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Londres 22.03.1728 [11.03.1728 (v.s.)]


Lettre autographe, signée, adressée. (F)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gd.S.6

Budé, Lettres, III, p.281-186. Datée du 11.03.1728. L'identification de l'expéditeur est erronée.


Le jour aprés la


Après avoir reçu la lettre de JA, Sarasin a vu Le Courayer à Lambeth; il a été très sensible à l'honneur de son souvenir. Le Courayer a été très bien reçu en Angleterre et plusieurs personnes lui ont fait des présents considérables; le roi [George II] lui-même lui avait accordé une pension de 100 livres tournois mais, suite aux remonstrances de l'ambassadeur de France [de Broglie], il a dit que les nouvelles qui répandaient ce bruit étaient fausses. L'état de ses relations avec la France l'ont obligé à le faire, mais on pense que la pension sera tout de même donnée à Le Courayer en sous-main. Dès son arrivée en Angleterre, le Français a fait imprimer une lettre au cardinal de Noailles au sujet de l'Instruction pastorale dans laquelle ce dernier a laissé entendre que Le Courayer avait rétracté ce qu'il avait affirmé dans ses deux ouvrages [Dissertation et Défense]. Le titre un peu curieux de la lettre de Le Courayer a suscité une méchante brochure. Dans sa lettre Le Courayer proteste de sa fidélité aux vérités de l'Église catholique et ne manifeste aucune intention de changer de religion. Il se peut qu'avant de le faire il veuille avoir séjourné plus longtemps en Angleterre. Pour ce qui est de l'état de l'Université de Cambridge dont JA aimerait avoir des nouvelles, Sarasin y a trouvé des personnes très complaisantes envers les étrangers tant parmi les docteurs que parmi les étudiants. Il n'a pas pu voir Bentley qui était à l'époque à Londres; il est considéré comme un homme très savant mais ses manières hautaines et superbes lui attirent beaucoup d'ennemis, même dans son collège. Il est heureux du fait que les protections dont il jouit à la Cour l'aient toujours préservé des attaques de ses ennemis. Il passe presque tout son temps à Londres dans l'espoir, bien improbable, d'obtenir un évêché. Waterland, un autre membre de l'Université, était également à Londres; il n'est connu que pour avoir réfuté [Samuel] Clarke. Pour ce qu'il savait d'Oxford et de Cambridge, Sarasin s'attendait à trouver dans cette dernière Université beaucoup de personnes attachées au gouvernement mais, même s'il y en a un certain nombre, il y a aussi beaucoup de tories. On regarde le gouvernement de l'Église anglicane comme le meilleur mais ils ne sont pas nombreux à avoir un zèle excessif à l'égard des dissidents. Parmi les personnes célèbres de Cambridge, il faut mentionner [Nicholas] Saunderson, professeur de mathématiques aveugle depuis l'âge de deux ans. La Bibliothèque publique compte entre 45 et 50'000 volumes sans tenir compte de ceux des bibliothèques des Collèges qu'on peut emprunter à la maison, contrairement à Oxford où les livres sont enchaînés. Quant à l'état des études, on s'est relâché presque partout et on ne suit plus ce qui était prévu à l'origine pour les collèges. Il n'y a presque pas de leçons publiques et peu de disputes; tout se passe entre un tuteur et son disciple de sorte que si l'on tombe entre les mains d'un mauvais tuteur, on a peu de chances de devenir habile. Un homme qui a à cœur de bien étudier, peut devenir savant ici mais quelqu'un qui n'a pas de goût pour l'étude n'en acquerra jamais faute d'émulation. La seule science qui soit cultivée avec application est la mathématique. Ceux qui étudient la théologie sont fortement opposés aux systèmes et parlent ouvertement de leur inutilité. Les livres qui sont les plus utilisés parmi les étudiants en théologie sont Pearson sur le Symbole, Burnet sur les 39 articles et Bingham sur les antiquités de l'Église chrétienne. Comme il l'a dit dans sa lettre précédente, Sarasin enverra à JA les journaux anglais de [Michel] de La Roche; il y joindra aussi un petit livre de Whitby [Hysterai (?)] qui contient des preuves scripturaires contre la divinité éternelle du Fils. C'est un livre écrit très clairement et qui a eu un grand débit. Quand il a demandé à plusieurs personnes leur opinion sur ce livre, elles n'ont rien répond"u ni en bien ni en mal; il en a déduit que beaucoup s'écartaient du grand chemin mais n'osaient pas le déclarer par crainte de voir se fermer la porte des bénéfices, comme cela est arrivé à Clarke qui ne sera jamais évêque. Les deux derniers évêques qu'on a nommés, Hare et Sherlock, sont tories; le dernier, bien qu'homme de mérite, n'a pas de modération et sa nomination a effrayé le parti whig qui craint pour l'avenir. Wake s'est rétabli d'une maladie qui l'a fait passer pratiquement pour déjà mort.

Adresse

Genève


Lieux

Émission

Londres

Réception

Genève

Conservation

Genève


Cités dans la lettre

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