Lettre 3902 de Jean-Frédéric I Ostervald à Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe, signée, adressée. Inédite. (F)
Bibliothèque de Genève, Ms fr 491 (f.96-97)

Un accablement presque

[François] Cartier a paru surpris et indigné de la manière dont Duvillard a parlé de lui dans la Lettre [de Mr T. C.] que [Crinsoz] de Bionnens a fait imprimer; Ostervald est indigné que celui-ci continue d'imprimer contre JA mais il l'est encore plus qu'un homme de l'Église de Genève ose faire ce qu'il a fait. Il blâme de Bionnens qui a attaqué JA sans que celui-ci lui en ait fourni le moindre sujet et le fait qu'il persiste dans sa polémique montre qu'il a bien de la passion et de l'imprudence. Il n'a pas vu son dernier écrit [Apologie] mais, s'il était JA, il ne s'en inquièterait pas trop, compte tenu de la position qu'il occupe dans le monde et du fait que son antagoniste nuit d'abord et surtout à lui-même, d'autant plus que la pièce est, au dire de JA, un tissu de contradictions. Quand il a été contesté par deux écrits à Berlin [Naudé, Examen] et à Londres [Combes, Remarques] qui lui attribuaient des sentiments qu'il n'avait pas et l'attaquaient même du côté du cœur, il les a méprisés et il s'en est bien trouvé. De même, quand un théologien d'Ulm publia contre lui en latin, on le poussa, du côté de Zurich, à répondre; il fit un projet et laissa ensuite tout tomber. Il ne faut pas que JA prenne l'affaire trop à cœur, sous peine d'altérer sa santé. Ostervald s'est réjoui de ce que Wake mande à JA (et que celui-ci lui a transmis) tant pour ce qui est de la situation en Angleterre sous le nouveau roi [George II] que pour l'affection dont le prélat fait preuve à l'égard des Églises suisses. À Neuchâtel, on se joindra aux voisins de Berne à l'occasion de leur jubilé mais sans communier ni faire de collectes; il y aura deux sermons, dont l'un de [David II] Sandoz et l'autre de [Jean-Louis] Chouppard. Ce dernier lui a raconté quelque chose à propos de Nolten; celui-ci, en parlant d'Ostervald, lui dit qu'il était surpris qu'il n'appliquât pas au Messie, dans ses réflexions [Argumens et réflexions], les oracles le concernant et notamment le Ps 2; Chouppard se limita à lui demander s'il avait lu cet endroit: qu'il est difficile de se fier aux théologiens, même aux plus graves! Ostervald, qui explique en ce moment la première lettre aux Thessaloniciens, a été frappé de voir que la nouvelle version du Nouveau Testament [Genève, 1726] traduit le v. 17 (?) du ch. 4 "Nous qui vivrons, et qui resusciterons sur...". Il faut que ce soit une faute d'impression qui ait échappé aux correcteurs. En tout cas il lit et relit avec plaisir cette version; JA a rendu avec bonheur certains endroits qui exprimaient un fond dur dans l'ancienne version et qui tenaient très à cœur à Ostervald. Il doit pourtant dire – et que cela reste entre eux – qu'il y a beaucoup de passages où on n'a pas rendu les termes qui sont dans l'original et d'autres où on ajouté des termes qui n'y figurent pas sans pour autant mettre les uns et les autres en italique.

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