Lettre 3358 de Jean-Frédéric I Ostervald à Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe. Inédite. (F)
Bibliothèque de Genève, Ms fr 490 (f.245-246)

Je ne saurois assez

Ostervald remercie JA de l'intérêt qu'il prend à sa santé; heureusement l'accident qu'il avait eu [sang dans les urines] et qui l'avait un peu alarmé n'a pas eu de suites. D'après Manget, cela doit être attribué au fait que depuis deux ans il est obligé de porter un suspensoire à cause d'une espèce de hernie qu'il a et que l'on nomme enterocèle ou varicocèle. Il reconnaît que le repos lui est essentiel et c'est pourquoi il travaille moins qu'avant; il évite en particulier de garder trop longtemps la position assise. Si les choses empirent, il demandera à JA d'en parler à [Jacques] Chenaud comme il le suggère. Ostervald a su la mort de [David II] Ancillon et de [Louis (?)] Rosselet; ce dernier n'avait que 43 ans et c'était un honnête homme, plein de droiture et avec un don particulier pour les malades. Il était appelé seul plus souvent que tous ses collègues ensemble. On a eu des échos des démêlés de Genève avec le duc de Savoie [Victor-Amédée II] pour une raison qui semble être bien mince; il serait à souhaiter que les Suisses interviennent cette fois-ci. Ostervald avait entendu parler du dessein qu'on a dans le Pays de Vaud de réformer la liturgie. Il va écrire à [Samuel] Turrettini, cousin de JA, pour le remercier de son livre intitulé Preservatif contre le fanatisme; l'ouvrage est bon et tombe à propos. En réalité la secte des piétistes va faire beaucoup de mal et leur nombre commence à augmenter. Il y a à Neuchâtel un jeune ministre, reçu depuis trois ans et qui s'appelle [Samuel] Bourgeois; il avait de beaux dons mais il s'est jeté dans ce parti-là ainsi que d'autres personnes. Ostervald en dirait davantage s'il pouvait parler de vive voix avec JA. À Bâle, depuis la mort de [Friedrich] Battier et de [Theodor] Gernler, les choses ont bien changé et, si on remettait aujourd'hui sur le tapis la question de la signature du Consensus, elle serait acceptée! En effet les quatre pasteurs qui, avec les docteurs en théologie [Jakob Christoph Iselin, Samuel Werenfels, Johann Ludwig Frey], examinent ces choses, sont pour la formule. Il faut dire les choses comme elles sont: on dit que les trois docteurs ne font rien. Iselin, quand il n'est pas malade, ce qui est rare, traite la controverse des méthodes; Werenfels déplore le malheur des temps mais n'exerce aucune fonction; Frey, qui est un homme d'un rare mérite et qui attirerait bien des disciples, se refuse à faire de la théologie en disant qu'il n'y est pas obligé et que cela revient à l'antistès [Hieronymus Burckhardt]. Ainsi le Christ n'est pas annoncé. De cette manière on ne forme pas la jeunesse. Ostervald n'a pas mâché ses mots avec Werenfels en lui faisant sentir qu'il était obligé en conscience de faire valoir ses talents. Toujours à Bâle, les piétistes ont terme jusqu'à Pâques et doivent rester dans leurs maisons à moins qu'ils veuillent se rendre à l'Église. Il y a eu des changements à Zurich: [[Johann] Jakob I] Lavater, professeur en théologie, a demandé sa démission pour cause de maladie. Ostervald a écrit à [Johann Baptista Ott] que sa retraite ne constituerait pas une éclipse car c'était un homme honnête mais tout ce qu'il y a de plus ténébreux. Son vicaire s'appelle [Rudolf] Cramer et fait beaucoup d'hébreu à en juger par un sermon allemand qu'il a fait imprimer pour le jubilé. Adieu la lumière dans ce pays-là où [Johann Heinrich] Heidegger a introduit les ténèbres, comme Ostervald le disait récemment à Ott.

Adresse

[Genève]

Commentaire

Lieux

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RĂ©ception

Genève

Conservation

Genève

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