Lettre 3296 de Gilbert II Burnet à Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe, signée. Inédite. (Ang)
Bibliothèque de Genève, Ms fr 485 (f.248-249)

I wonder how

Burnet parle à JA du livre que celui-ci a bien voulu regarder; il relate la dispute qu'il y a actuellement dans l'Église anglicane, au sujet notamment des jacobites qui essaient d'effrayer les gens en leur disant qu'ils ne pourront être sauvés que par les prêtres et les évêques qui procèdent d'une succession régulière de Christ et des apôtres. Or cette succession pour eux a été rompue à la Révolution [de 1688-1689] et les évêques qui ont été consacrés depuis sont des usurpateurs; d'où la nécessité, pour être sauvés, de revenir aux évêques légitimes, ce qui ne peut pas être fait tant qu'on n'a pas restauré la lignée du roi Jacques [II]. Burnet pense que la manière de voir de l'ancien évêque de Bangor [Hoadly] était la plus juste. Il pense qu'il faut saisir cette occasion pour examiner leur principes un par un, non pas de façon érudite mais par des arguments simples; d'après lui l'une des plus grandes corruptions de la religion consiste à placer celle-ci dans les successions, les absolutions et les communions avec des Églises particulières, ce qui revient à la détourner de son but premier. Et c'est comme cela du reste qu'ont commencé les corruptions de la papauté et qu'on risque d'y retomber. Il ne sait plus actuellement si c'est l'incroyance ou la croyance qui mène à la superstition et à la persécution. Burnet est heureux d'apprendre que JA prépare ses pensées sur les preuves de la religion chrétienne, ce qui lui semble de la plus grande importance et nécessité. Il s'est souvent demandé pourquoi un homme d'aussi grand mérite que JA était si peu disposé à gratifier le public de ses écrits: peut-être considère-t-il le monde comme incorrigible ou peut-être n'estime-t-il pas opportun de parler ouvertement de ces choses et préfère-t-il le silence. Il ne peut donc qu'être content de le savoir engagé dans une entreprise de publication; il n'oubliera jamais les discours que JA lui a tenus sur ces sujets lors de son séjour à Genève. Il pense que la manière la meilleure de promouvoir la vérité c'est de ne pas s'enliser dans des polémiques stériles mais d'expliquer les choses de façon naturelle et de tenir le peuple pour capable de les entendre correctement. Burnet a su que JA était intéressé par le livre sur l'histoire de son père qui est sous presse [History of my time]. Il veut bien le faire figurer parmi les souscripteurs, suivi de la ville de Genève, mais à condition que Burnet lui-même puisse se charger du payement. Ce ne sera qu'un tout petit présent pour toutes les civilités que son frère et lui ont reçu lors de leur séjour dans cette ville. Son frère [William] est actuellement gouverneur de New York, en Amérique, et il va très bien; son autre frère [Thomas II] est consul à Lisbonne. Le porteur de cette lettre est un ancien domestique dont le nom est Destrée; il n'est plus en mesure de servir et Burnet lui a promis 20 livres sterlings par an jusqu'à sa mort.

Adresse

[Genève]

Commentaire

Lieux

Émission

Réception

Genève

Conservation

Genève

Cités dans la lettre