Lettre 3107 de Jean-Frédéric I Ostervald à Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe, signée, adressée. (F)
Bibliothèque de Genève, Ms fr 490 (168-171)

Budé, Lettres, III, p.153-155. Omissions. Extrait omis par Budé dans Gretillat, Ostervald, p.XLIX, n°91.

J'ay commencé l'année

Ostervald présente ses vœux à JA pour la nouvelle année. Il a été heureux d'apprendre que son ami était en mesure de faire ses cours et même de prêcher. Ostervald aussi a pu faire les services des Fêtes de Noël sans en avoir été incommodé; une heure d'écriture ou de conversation le fatigue en réalité plus qu'un sermon, mais il faut dire qu'il ne s'excite pas et qu'il le fait court. Ce que JA lui a dit dans sa dernière lettre concernant la réunification et la possibilité d'une liturgie commune lui a fait bien du plaisir; même si ni l'une ni l'autre ne sont près de se réaliser, cela est significatif d'une certaine évolution des esprits. Voilà ce que pense Ostervald 1) Quand il était avec [Charles] Tribolet, ils évoquaient tout le temps cette idée d'une liturgie commune, qui est un grand moyen de réunification, le peuple prêtant davantage d'attention à ce qui est conforme ou non conforme dans le culte que dans la doctrine. Au lieu de faire chacun sa forme de culte, il aurait été préférable que les réformateurs aient songé juste à retrancher du service ce qui avait été ajouté par rapport à l'ancienne liturgie 2) Pour ce qui concerne la liturgie anglicane, Ostervald serait prêt à l'admettre même s'il y a des choses à réformer, comme le dit JA lui-même. Elle est en effet trop chargée et trop longue. Le service réformé ordinaire ne dépasse guère 20/24 minutes et, si on l'allongeait, il serait moins fréquenté. Il a entendu dire qu'en Angleterre les prières ordinaires duraient environ une heure et qu'il y avait un grand vide 3) Il pense que cette affaire n'est pas encore mûre et qu'il faut attendre que les choses y soient disposées naturellement; en les hâtant, on court le risque de tout gâter. Les choses pourtant avancent et on voit des changements qui sont intervenus, dans l'esprit des gens, relativement au culte. Outre cela, on donne aux jeunes étudiants le goût et la vénération pour l'antiquité 4) Au lieu de chercher à réunir toutes les Églises, il faudrait commencer par s'unir avec un certain nombre d'entre elles, en saisissant les occasions favorables. Ces Églises réunies formeraient une espèce d'association sans pour autant rompre avec les autres. Leur nombre augmenterait peu à peu et celles qui en seraient exclues commenceraient à en avoir honte. L'idée d'Ostervald est que la réunion ne peut que se faire progressivement. Il ne faut pas qu'un théologien bourru et entêté puisse tout arrêter. Ce que JA lui dit de Noël est un effet de ces préjugés si difficiles à vaincre; si les ministres étaient d'accord, les choses se passeraient bien agréablement. À Neuchâtel on n'a eu aucune peine à rétablir les Fêtes de Noël et de l'Ascension et tout le monde les en a remerciés; mais cela seulement parce qu'ils étaient d'accord entre ministres. Il est étonné qu'il puisse y avoir des gens qui se scandalisent de la Fête de Noël et de l'Ascension mais non pas de celle de Pâques ou de la Pentecôte. Il n'y a pas plus de superstition à fêter les unes que les autres. C'est une autre preuve de la sagesse de ceux qui ont fait la liturgie anglicane. Le dernier point soulevé par JA concerne très judicieusement l'abolition de la signature et des contraintes sur des points non essentiels; mais les Églises de Berne et de Zurich sont-elles prêtes à s'adoucir là-dessus? JA veut connaître la pratique de Neuchâtel concernant le mariage d'un homme avec la nièce de sa femme défunte. On ne tolère pas ce genre d'union, ne serait-ce que pour ne pas scandaliser les catholiques, outre qu'il y a des considérations assez fortes pour mettre une barrière entre ce qui est inceste et est interdit par la loi divine et ce qui ne l'est pas formellement. Cela a toujours été l'esprit de l'Église et il ne faut pas s'en écarter. On admet seulement qu'un homme épouse la cousine germaine de sa femme défunte. Ostervald remercie JA du soin qu'il a pris de répandre l'ouvrage d'Ostervald sur l'Écriture [Argumens et réflexions]. Il y a bien des fautes d'impression et [Étie"nne] Jallabert a dû communiquer à JA une liste d'errata. [Gabriel] Dumont, qui quitte Leipzig pour Rotterdam, a écrit que la lecture de ce livre allait s'introduire dans l'Église de Leipzig et qu'il voulait faire cela avant de quitter. Mais tous n'en jugent pas aussi favorablement, comme le montre un passage d'une lettre de [Johann Baptista Ott] qui lui reproche d'avoir trop réduit l'application des prophéties de l'Ancien Testament au Nouveau. Il lui a répondu qu'à force de multiplier le nombre d'oracles, on offre des armes à ceux qui veulent combattre la religion. Il devrait lire l'excellent traité de JA sur le sujet [De Sacræ Scripturæ Methodo, à l'époque encore inédit (?)] ; JA changera-t-il d'idée et le publiera-t-il? [David] Chaillet est mort subitement en Angleterre et ne pourra donc pas bénéficier des bontés de l'archevêque [Wake].

Adresse

Genève

Commentaire

Lieux

Émission

RĂ©ception

Genève

Conservation

Genève

Cités dans la lettre