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Lettre 3045 de Aldebert (ou Adalbert) Gualtieri  à Jean-Alphonse Turrettini

Magdebourg 25.05.1720

Je profiteray du depart

Profitant de Rilliet [IV], Gualtieri remercie JA de la savante dissertation qu'il lui a fait parvenir [Nubes Testium] et qui est la suite des thèses sur les points fondamentaux [Brevis et pacifica disquisitio] ; il admire le zèle de son correspondant pour la réunion ou plutôt pour la tolérance qui est si nécessaire. Malheureusement la chose ne paraît pas simple du tout; mis à part quelques savants, les théologiens luthériens regardent comme points fondamentaux les matières controve...

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Magdebourg 25.05.1720


Lettre autographe, signée. Inédite. (F)
Bibliothèque de Genève, Ms fr 487 (f.197-198)


Je profiteray du depart


Profitant de Rilliet [IV], Gualtieri remercie JA de la savante dissertation qu'il lui a fait parvenir [Nubes Testium] et qui est la suite des thèses sur les points fondamentaux [Brevis et pacifica disquisitio] ; il admire le zèle de son correspondant pour la réunion ou plutôt pour la tolérance qui est si nécessaire. Malheureusement la chose ne paraît pas simple du tout; mis à part quelques savants, les théologiens luthériens regardent comme points fondamentaux les matières controversées et la plus grande partie des réformés n'en font pas moins. En effet l'acharnement est beaucoup moins fort qu'auparavant dans la dispute mais cette modération apparente n'est que le résultat des édits rigoureux du souverain [Friedrich Wilhelm I] qui a défendu toute sorte de disputes, notamment dans les sermons. Mais comment espérer une tolérance, encore moins une réunion, quand on voit les luthériens exiger une abjuration en bonne et due forme du nouveau roi de Suède [Friedrich I], ce qu'il a dû faire avant d'accéder au trône. Seul un coup inespéré du Ciel pourra porter les deux partis à la réunion et il semble que la manœuvre de l'Électeur palatin [Karl Philipp III de Wittelsbach], excitée sans doute par le parti catholique romain, n'y contribuera pas. Quoi qu'il en soit, les efforts de JA sont des plus louables. Le docteur [Simon Johann (?)] Arnoldi, à qui Gualtieri a remis une dissertation et dont une lettre est ci-jointe, est un homme pacifique mais il n'y en a pas beaucoup dans ce pays qui lui ressemblent. Pour ce qui est des réformés, ils sont très mal disposés à l'égard de la tolérance envers les luthériens. En voici un exemple: il y a un an environ, on a décidé d'introduire dans l'Église les Cantiques chrétiens de Pictet et, en même temps, le Sénat de Berlin, qui régit l'Église, a décidé de donner la communion aux malades qui, languissants, ne peuvent plus, depuis longtemps, quitter leur maison; cela naturellement à condition qu'ils le désirent et suivant les règles de la prudence et de la bienséance, comme cela se pratique du reste parmi les luthériens et dans les Églises réformées allemandes. La foule de réactions que cela a entraîné est à peine croyable, comme si on avait voulu introduire le papisme ou le luthéranisme! Ils se sont opposés ouvertement à la volonté du souverain sur ce point. Pour les cantiques, même chose, puisqu'ils ont exigé du souverain qu'ils ne soient jamais introduits dans les Églises wallonnes. À propos de la pratique de la communion privée, quand on leur a dit que celle-ci n'était contraire ni à la nature du sacrement, ni aux pratiques de l'Église ancienne ni à Calvin lui-même (pour qui ils ont une vénération), comme cela peut se voir dans certaines de ses épîtres, tout cela n'a fait que les irriter encore davantage. Ils prétendent qu'on ne doit rien innover dans les rites ni dans la discipline ecclésiastique ni dans les dogmes; ce qu'il y a de plus affligeant, c'est qu'ils sont soutenus par des théologiens réformés. On attend d'un jour à l'autre le résultat de l'examen de ces démêlés. Voilà pourquoi la tolérance lui semble être aussi difficile parmi les luthériens que parmi les calvinistes. Il demande à JA de continuer d'assister son fils [Samuel-Melchisédech] de ses conseils; il s'étonne un peu que celui-ci, après trois ans à l'Académie de Genève et deux ans de théologie, n'ait jamais encore proposé. Un jeune homme ne doit pas trop se presser sur ce point-là mais il ne doit pas trop attendre non plus. Son fils le peut d'autant moins que, pour des raisons financières, il ne pourra rester à Genève que l'année en cours. C'est pourquoi il prie JA de veiller à ce qu'il s'exerce dans la prédication.

Adresse

[Genève]


Lieux

Émission

Magdebourg

RĂ©ception

Genève

Conservation

Genève


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