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Lettre 2626 de Jean I Barbeyrac Ă  Jean-Alphonse Turrettini

Lausanne 29.09.1715

Je vous rends très-humbles

JA peut garder l'ouvrage de Vorst [Bilibra veritatis], qui sera sûrement plus utile à lui qu'à Barbeyrac; il le remercie de la peine qu'il s'est donnée de consulter Pline et ce qu'il lui en dit lui donne plus de courage à proposer son emendatio. Il a fait copier la lettre de Leibniz, qu'il lui renvoie, et il en fera usage en temps et lieu. JA a raison de dire que l'article sur lequel il l'a réfuté est celui des Pères de l'Église; il n'a rien dit contre lui dans son abrégé de Pufend...

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Lausanne 29.09.1715


Lettre autographe, signée. Inédite. (F)
Bibliothèque de Genève, Ms fr 484 (f.190)


Je vous rends très-humbles


JA peut garder l'ouvrage de Vorst [Bilibra veritatis], qui sera sûrement plus utile à lui qu'à Barbeyrac; il le remercie de la peine qu'il s'est donnée de consulter Pline et ce qu'il lui en dit lui donne plus de courage à proposer son emendatio. Il a fait copier la lettre de Leibniz, qu'il lui renvoie, et il en fera usage en temps et lieu. JA a raison de dire que l'article sur lequel il l'a réfuté est celui des Pères de l'Église; il n'a rien dit contre lui dans son abrégé de Pufendorf [Les devoirs de l'homme et du citoyen, 1715] et, dans la réfutation qu'il en a faite dans le grand Pufendorf [Le droit de la nature et des gens, Amsterdam, 1712], il ne l'a point nommé ni désigné, si bien qu'il y a peu de gens qui savent à qui il en veut. Barbeyrac ne sait du reste pas si Leibniz faisait allusion à lui dans la belle lettre dont il réfute une phrase; mais il est en revanche sûr que celui qui a donné occasion au philosophe d'écrire la lettre avait lancé plusieurs traits piquants contre Barbeyrac et contre plusieurs autres personnes de Berlin, tels Lenfant, Baux etc. Leibniz, en tout cas, en lisant la préface de Barbeyrac à Pufendorf, aura compris que ce qu'on lui reproche, c'est de ne pas avoir compris la nature du juste et de l'injuste. Barbeyrac estime que les idées de Pufendorf, même si elles ne sont pas toutes défendables, sont toujours plus raisonnables que le système de l'harmonie préétablie. La lettre [de Leibniz] que JA lui a envoyée l'a confirmé dans son sentiment; elle est pleine de fausses imputations qui révèlent un grand désir de rabaisser Pufendorf. Ce dernier du reste n'est pas le seul à faire les frais de l'attitude de Leibniz qui, dans ses écrits ou dans la conversation, veut être reconnu comme le premier à soutenir certaines choses ou bien cherche à faire passer pour mauvais tout ce qu'il n'approuve pas. Il n'y a qu'à voir, à ce propos, ses démêlés avec la Société royale anglaise et ce qu'il a fait à l'égard de Locke; contre ce dernier, il y a un gros manuscrit qui n'a pas encore trouvé d'imprimeurs [Nouveaux Essais]. Barbeyrac a toujours affirmé qu'il ne fallait pas exclure du droit naturel des motifs tirés de la perspective d'une vie future; et il s'est servi, pour prouver cela, de la même raison que Leibniz. Il reconnaît aussi que la façon dont Pufendorf établit l'obligation n'est pas sans embarras; mais pour ce qui est du fond de la question, à savoir si le grand fondement de toute loi réside dans la volonté de Dieu, il se range résolumment du côté de Pufendorf. Et ce que dit Leibniz à ce propos est très peu solide. Barbeyrac envoie à JA une des notes qu'il a préparées pour sa traduction française de Grotius, dans laquelle il dit en peu de mots ce qu'il pense là-dessus. On ne peut du reste pas s'empêcher de rire quand on voit que, pour donner de meilleurs principes que Pufendorf, Leibniz affirme que la cause efficiente du droit naturel est la raison, comme si cela n'était pas commun à toutes les sciences. On a beaucoup trouvé à dire sur l'histoire de Brandebourg de Pufendorf [De rebus gestis Friderici Wilhelmi Magni] parce que celui-ci a raconté fidèlement ce qu'il a trouvé dans les archives, sans se soucier de ce qui ne faisait pas honneur à la maison de Brandebourg. Ce qu'on a fait dire à [Ézéchiel] Spanheim dans le Conseil du roi de Prusse [Friedrich I] n'est pas une bonne preuve, pour les raisons sus-mentionnées; du reste celui-ci était meilleur critique qu'historien.

Adresse

[Genève]


Lieux

Émission

Lausanne

RĂ©ception

Genève

Conservation

Genève


Cités dans la lettre

Ouvrages

Bilibra veritatis et rationis de « non-Roman Type » sen verbo Dei, libræ Joh. Stephani Rittangelii Comœdiæ undecim, græce et latine [...] Accedunt notæ virorum doctorum in omnes comœdias, inter quas nunc primum eduntur Isaaci Casauboni in Equites, illustriss. Ezech. Spanhemii in tres priores, et Richardi Bentleii in duas priores comœdias observationes. Omnia collegit et recensuit notasque in novem comœdias et quatuor indices in fine adjecit Ludolfus Kusterus De rebus gestis Friderici Wilhelmi Magni […] commentariorum libri noven-decim Hymni, epigrammata et fragmenta, ex recensione Theodori, J. G. F. Grævii, cum ejusdem animadversionibus. Accedunt N. Frischlini, H. Stephani, B. Vulcanii, P. Vœtii, A.T.F. Daceriæ, R. Bentleii commentarius et annotationes [...] Ezechielis Spanhemii Le Droit de la guerre et de la paix Le Droit de la nature et des gens, ou système général des principes les plus importants de la morale, de la jurisprudence et de la politique [...] traduit du latin par J. Barbeyrac Les Devoirs de l'homme et du citoyen [...] traduit du latin [...] par J. Barbeyrac Nouveaux essais sur l'entendement humain dans Œuvres philosophiques, latines et françaises « Jugement d'un anonyme sur l'original de cet abrégé. Avec des reflexions du Traducteur, qui serviront à éclaircir quelques principes de l'auteur » dans Samuel Pufendorf, Les Devoirs de l'homme et du citoyen ➤ Lister (9)

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