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Lettre 2170 de Hans Kaspar II Escher à Jean-Alphonse Turrettini

Zurich 18.04.1711

Je Vous envoye la suite

Escher envoie à JA la suite des Nova literaria helvetica de Scheuchzer avec la Prælectio mathématique du même auteur; l'impression de celle-ci a rencontré quelques obstacles à cause de certains théologiens, qui trouvent des difficultés presque partout. Mais Escher et l'autre censeur n'ont pas cédé à leurs caprices. Il y a dans les Églises du Toggenbourg une brouillerie parmi les ministres au sujet de l'opinion qu'un diacre nommé Schaerer a exprimée sur la justification, en reprenan...

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Zurich 18.04.1711


Lettre autographe, signée. (F)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gd.E.5

Budé, Lettres, I, p.338-341.


Je Vous envoye la suite


Escher envoie à JA la suite des Nova literaria helvetica de Scheuchzer avec la Prælectio mathématique du même auteur; l'impression de celle-ci a rencontré quelques obstacles à cause de certains théologiens, qui trouvent des difficultés presque partout. Mais Escher et l'autre censeur n'ont pas cédé à leurs caprices. Il y a dans les Églises du Toggenbourg une brouillerie parmi les ministres au sujet de l'opinion qu'un diacre nommé Schaerer a exprimée sur la justification, en reprenant les thèses de Cave. Il est allé à Zurich pour se justifier et Escher l'a rencontré avec deux théologiens. Il lui a paru savant et plein de zèle pour la piété. Il ne veut pas qu'on se serve de l'expression "imputatio justitiæ Christi", qui ne se trouve pas dans l'Écriture; pourtant il n'attribue rien aux forces de l'homme ou au libre arbitre et soutient que Jésus-Christ nous a mérité une grâce efficace, sanctifiante et justifiante, par laquelle nous pouvons accomplir la loi de la foi; les bonnes œuvres que nous faisons par le moyen de cette grâce sont la vraie cause de notre justification, même si elles sont mêlées à beaucoup de faiblesses. C'est pourquoi pour lui le mot de justifier ne signifie pas déclarer mais rendre juste. Mais messieurs les théologiens ont été choqués par ces expressions et le synode de Toggenbourg lui a ordonné soit de souscrire à la Confession helvétique soit de renoncer à son ministère. Dans un premier temps il a souscrit mais maintenant il se repent et Escher craint qu'il ne soit dégradé. Il ne s'y connaît pas beaucoup en théologie mais pense que quand quelqu'un reconnaît que l'homme est mort en péché et qu'il n'a point de forces pour se relever tout seul, il ne diffère pas substantiellement de ce que croit l'Église, même s'il n'adopte pas la même terminologie. On ne peut que souhaiter que revienne le temps où on ne faisait pas consister la religion en des spéculations creuses mais plutôt en une piété solide et dans la pratique des préceptes de Jésus-Christ. Comme JA peut le voir, Escher lui ouvre son cœur, en lui disant des choses qu'il n'oserait pas dire à Zurich et lui demande de l'éclairer sur ce point. Le bourgmestre [Andreas I] Meyer vient de décéder et le père d'Escher [Hans Jakob II] a été élu à sa place, à la majorité des voix, puisqu'il en a obtenu 53 contre les 25 du vice-bourgmestre [Hans Jakob] Ulrich, qui avait pourtant intrigué longtemps pour occuper cette place.

Adresse

[Genève]


Lieux

Émission

Zurich

Réception

Genève

Conservation

Genève


Cités dans la lettre

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