Lettre 1888 de Jean-Frédéric I Ostervald à Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe. (F)
Bibliothèque de Genève, Ms fr 489 (f.239-240)

Budé, Lettres, III, p.66-69.

Quoy que je vous aye

Dans une conversation qu'il a eue avec le comte [Ernst] de Metternich, celui-ci lui a dit qu'il avait l'intention de répondre à la lettre de JA et de lui proposer qu'on dresse à Genève un formulaire ou un écrit qui adoucisse la doctrine de la prédestination et qu'on l'envoie au roi [Friedrich I] pour qu'il le fasse souscrire par les Églises. Surpris par cette proposition, due d'après Ostervald à une mauvaise interprétation que le comte a donnée de la lettre de JA (dont l'expéditeur connaît les sentiments à ce sujet), Ostervald lui a dit qu'il ne croyait pas que ni JA ni son Église ne voulussent faire une chose pareille. L'idée que JA a proposée dans sa harangue [De componendis] est qu'on se supporte mutuellement, chacun restant libre de croire ce qu'il veut. Ce que le roi de Prusse et les autres princes protestants devraient faire c'est d'inciter les Églises et les théologiens à la modération et la tolérance réciproque. En effet il faut ménager les esprits, notamment du côté de Berne et de Zurich. À la fin de l'entretien, de metternich semblait avoir changé d'avis et partager les sentiments d'Ostervald. On doit agir avec une grande prudence et cela d'autant plus que les presbytériens d'Angleterre et d'Irlande sont encore remplis de préjugés et accusent l'Église anglicane de penchants vers l'arminianisme. Ostervald se dit convaincu que la conjoncture sera d'ici peu favorable à la réunion et cela d'autant plus que la paix laissera aux princes l'esprit beaucoup plus libre pour s'occuper de ces choses. Il faudrait que les théologiens des différents pays protestants communiquent entre eux, voyagent, se voient dans des conférences. On commence à Neuchâtel à avoir des craintes au sujet des piétistes dont le nombre augmente; il n'y en avait qu'un, ils sont maintenant quatre ou cinq; ils se séparent des assemblées et ne communient plus. Le peuple grogne contre les ministres qui ne prennent pas de mesures. Mais que faire avec des gens qui ne veulent pas entendre raison? Voilà ce que propose Ostervald: 1) parler à ces gens avec douceur et leur laisser le temps de réfléchir 2) les faire comparaître devant le Consistoire 3) s'ils s'obstinent à se séparer d'eux, ne plus les reconnaître membres de l'Église et les exclure de la cène 4) dans le cas d'étrangers sans droit d'habiter le pays, les faire sortir, ce qui est du ressort du Magistrat. Du reste ces personnes sont nuisibles à l'ordre de la société comme on le voit à Berne où presqu'un millier de gens ne veulent pas prendre les armes. L'affaire est de toute façon délicate et Ostervald demande à JA d'y réfléchir. Il est contraire à toute violence mais il croit qu'en agissant par la discipline, on obéit à Jésus-Christ. Il faut éviter que ces gens puissent crier à la persécution.

Adresse

[Genève]

Commentaire

Lieux

Émission

RĂ©ception

Genève

Conservation

Genève

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