67 Lettres

Lettre 1835 de Jacques Saurin à Jean-Alphonse Turrettini

La Haye 05.09.1707

Il y a bien longtems

On demande à Saurin un ministre pour le régiment suisse qui était autrefois à Saconay; les gages se montent à 800 florins. Il y aurait en plus 200 ou 300 florins pour s'occuper un peu du fils du colonel. Si JA a quelqu'un en vue, Saurin le prie de le lui faire savoir. Cela fait longtemps qu'il avait promis deux livres à la Bibliothèque mais rien de digne d'être envoyé n'avait paru. On vient maintenant de recevoir un ouvrage qui fera beaucoup de bruit; il s'agit du Nouveau Testament grec de Mills...

La Haye 05.09.1707


Lettre imprimée. (F)
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Budé, Lettres, III, p.295-298.


Il y a bien longtems


On demande à Saurin un ministre pour le régiment suisse qui était autrefois à Saconay; les gages se montent à 800 florins. Il y aurait en plus 200 ou 300 florins pour s'occuper un peu du fils du colonel. Si JA a quelqu'un en vue, Saurin le prie de le lui faire savoir. Cela fait longtemps qu'il avait promis deux livres à la Bibliothèque mais rien de digne d'être envoyé n'avait paru. On vient maintenant de recevoir un ouvrage qui fera beaucoup de bruit; il s'agit du Nouveau Testament grec de Mills [Novum Testamentum, 1707] qui a des prolégomènes très longs et très savants. On y voit un recueil prodigieux de leçons. L'ouvrage était imprimé en réalité depuis une quinzaine d'années mais l'auteur, soit par bizarrerie soit par insatisfaction devant les offres des libraires, avait gardé les exemplaires pour lui. La reine [Anne Stuart] lui a donné un bénéfice considérable mais en lui commandant en même temps de les publier. On imprime ce livre à Amsterdam aussi mais il pense que l'édition n'égalera pas celle d'Oxford. Saurin a décidé de faire imprimer un volume de sermons [Sermons, 1708] ; il se sent obligé de le faire à cause de la situation qui règne en Hollande où les coccéïens ont pris le dessus et l'Évangile est défiguré comme nulle part ailleurs. Les coccéiens veulent qu'on parle en chaire seulement de types, de minuties etc. ; ils écoutent les sermons des autres avec un esprit de mutinerie et disent que leur morale est pernicieuse. [Pierre] de Joncourt vient de faire les frais de leur rigueur puisqu'il a été condamné par le synode pour avoir écrit contre eux. On est sur le point de le déposer. On l'accuse d'avoir troublé la paix de l'Église, d'avoir diffamé de grands théologiens dont Cocceius, d'avoir utilisé des railleries profanes, d'avoir donné une interprétation typologique opposée aux sentiments de nos Églises. Il sera condamné à se rétracter par un écrit public avant le prochain synode. Quant à sa famille, les nouvelles sont bonnes: il a un enfant d'un an [Philippe (?)], son frère Louis est à Londres où le Consistoire de la Savoie l'a chargé de prêcher trois mois pour Dubourdieu qui est malade; il aura vraisemblablement le poste de Sahit [Thomas Satur (?)] si celui-ci, frappé d'apoplexie, venait à mourir. Dans ce cas-là la mère [Hippolyte] et la sœur [Anne-Marie] de Saurin, actuellement en Hollande, s'établiraient en Angleterre. Son frère Marc[-Antoine] a acheté une lieutenance parmi les Anglais. Saurin est très heureux d'être à La Haye et il est l'homme du monde le plus content.

Adresse

[Genève]


Lieux

Émission

La Haye

Réception

Genève

Conservation


Cités dans la lettre