Lettre 1790 de Jacques Basnage à Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe, signée, adressée. (F)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gd.B.10

Silvera, Corrispondenza, p.273-277.

Il y a longtemps que ie ne vous ay

Malgré son silence, l'estime et l'amitié de Basnage pour JA sont toujours présentes et elles s'augmentent même au lieu de s'affaiblir. Il s'impatiente d'une occasion promise par [Reinier] Leers pour envoyer son Histoire des Juifs à JA. Si celui-ci en connaît une, qu'il la lui indique. On a pris des initiatives en faveur des réfugiés et de ceux qui souffrent en France, en essayant au début de garder le secret par mesure de prudence, pour ne pas créer de divisions ni provoquer d'éclat. On s'est mis en contact avec la Cour de Berlin et celle d'Angleterre où on a envoyé des mémoires signés par quelques pasteurs ayant réfléchi à la matière. Gilbert [I] Burnet, à qui les papiers avaient été confiés, a ensuite décidé de ne pas garder le secret et a formulé des requêtes officielles à la reine [Anne Stuart], ce qui est conforme à la constitution anglaise. Il a demandé à Basnage de faire en sorte que les réfugiés de Suisse, de Hollande et de Prusse adressassent de semblables requêtes à leurs souverains respectifs mais aussi à la reine d'Angleterre en tant que défenseur de la foi, par l'intermédiaire de [Churchill] de Marlborough. Du côté suisse, les réactions ont été pour le moment positives et le roi de Prusse [Friedrich I] a écrit à la reine d'Angleterre pour qu'ils puissent se concerter sur ce sujet. Les réfugiés qui sont en Prusse ont adressé publiquement des requêtes mais les choses sont un peu plus compliquées en Angleterre. Pour ce qui est de la Hollande, Basnage et [Élie] Benoist ont rencontré les autorités compétentes qui ont approuvé l'initiative et les mémoires mais ont recommandé d'éviter l'éclat des députations, d'autant plus que la constitution hollandaise ne leur permet pas de s'adresser à des puissances étrangères, ce dont Basnage et les autres étaient déjà parfaitement conscients. Le synode a décidé de charger ses députés d'aller voir les magistrats de leurs villes pour les faire agir en faveur de l'initiative. Celle-ci a pris un peu de retard à cause de la guerre dont les chances de se terminer rapidement s'amenuisent après la bataille d'Almanza. L'empereur [Joseph I] s'est du reste plaint du fait qu'on veuille transformer la nature de la guerre, qui devient de plus en plus une affaire de religion, comme le démontrerait le mouvement des réfugiés et la réponse de la reine d'Angleterre. D'où la nécessité de garder le plus de discrétion possible. Toutefois, Basnage signale qu'on trouve en Hollande une grande disposition à appuyer les desseins des réfugiés et le duc de Marlborough ne se contente pas d'en parler favorablement; il agit. C'est ce qui est ressorti nettement de l'entrevue, quoique brève, que celui-ci a eue avec le roi de Suède [Charles XII]. Ce souverain a promis de seconder ses efforts et ceux de la reine Anne. Basnage a voulu informer JA de tout cela, de façon qu'il puisse prendre des initiatives de son côté.

Adresse

Genève

Commentaire

Lieux

Émission

Réception

Genève

Conservation

Genève

Cités dans la lettre