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Lettre 1727 de Ludwig Friedrich Bonet [de Saint-Germain] à Jean-Alphonse Turrettini

Londres 13.08.1706 [02/13.08.1706]

Il y a trois mois

Bonet craint que sa lettre précédente ne se soit perdue et demande à JA de le renseigner là-dessus, pour que, le cas échéant, il puisse envoyer des copies. On a entre-temps imprimé l'acte académique par lequel l'Université d'Oxford a célébré le jubilé de celle de Francfort; il n'y a rien dans cette pièce [Academiæ Francofortanæ] contre l'Église genevoise. Pourtant deux des orateurs [Wyatt et Smalridge] ont saisi l'occasion pour invectiver les presbytériens anglais qui refusent de se range...

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Londres 13.08.1706 [02/13.08.1706]


Lettre autographe, signée. Inédite. (F)
Bibliothèque de Genève, Ms fr 485 (f.111-112)


Il y a trois mois


Bonet craint que sa lettre précédente ne se soit perdue et demande à JA de le renseigner là-dessus, pour que, le cas échéant, il puisse envoyer des copies. On a entre-temps imprimé l'acte académique par lequel l'Université d'Oxford a célébré le jubilé de celle de Francfort; il n'y a rien dans cette pièce [Academiæ Francofortanæ] contre l'Église genevoise. Pourtant deux des orateurs [Wyatt et Smalridge] ont saisi l'occasion pour invectiver les presbytériens anglais qui refusent de se ranger dans l'Église anglicane, quand le roi de Prusse [Friedrich I] crée des évêques pour s'accommoder à la coutume établie ailleurs. Si Bonet avait mieux compris leur prononciation latine, il se serait expliqué là-dessus pendant son séjour oxonien, au cours duquel il a été honoré d'un doctorat en droit civil; il aurait expliqué les raisons de la création des deux évêques en Prusse ainsi que celle de la traduction en allemand de la liturgie anglicane. Il aurait aimé qu'ils eussent loué le roi de Prusse pour la modération qu'il a fait régner entre luthériens et calvinistes, pour l'accueil généreux de réfugiés venant de France, du Palatinat, de Silésie et des Vallées du Piémont, pour la liberté qu'il a octroyée à ceux de Silésie dans l'exercice du service divin et pour le rétablissement de ceux du Palatinat qu'il a négocié avec l'Électeur [Johann Wilhelm de Wittelsbach]. Tous ces éléments sont des titres de mérite, bien plus importants qu'une discipline dans laquelle les rigides épiscopaux font consister toute leur religion, alors que Jésus-Christ a laissé celle-ci à la liberté évangélique. S'ils avaient choisi de souligner tous ces éléments ils auraient fait quelque chose de plus agréable à la Cour qui travaille à rapprocher les esprits et à promouvoir la modération. Il parle ensuite de la proposition faite par Werndli, chapelain de Stanyan, l'envoyé anglais auprès des Cantons suisses, pour la réunion avec l'Église anglicane. Il connaît personnellement Werndli: natif de Zurich, il était curé de deux petites paroisses près de Windsor, qu'il quitta pour aller voir son pays. En prenant congé de Bonet, il lui fit part de son désir d'avoir un canonicat à Windsor, récompense à ses yeux des nombreux services rendus à l'Angleterre et à sa patrie. Ne recevant pas de satisfaction de la part de Bonet, le bon homme a dû croire par la suite pouvoir obtenir son canonicat en sollicitant la réunification entre calvinistes et anglicans. Cette hypothèse est prouvée par le fait qu'il agit tout seul, à l'insu de ses supérieurs, ce qui fait qu'on ne peut pas traiter avec lui sans se compromettre. Bonet pense qu'il ne faudrait pas commencer par une réunion mais, plutôt, par une correspondance ecclésiastique qui permette d'apaiser les animosités, de mieux se connaître et de constituer des liens contre le papisme. Il ne faut pas espérer une résolution quelconque de la part du clergé anglais, qui ne se réunit en convocation que pendant la session du Parlement et qui est trop divisé pour parvenir à un tel acte; sans considérer que de toute façon il aurait besoin d'une permission de la reine [Anne Stuart], qui est le chef de l'Église. Il suggère donc de se servir de l'occasion fournie par Werndli pour demander à Stanyan par quelle autorité son chapelain agit et le prier d'écrire à la Cour que les Églises calvinistes de Suisse et de Genève désirent entrer en relation avec l'Église anglicane. Bonet ne se cache pas les obstacles d'une telle entreprise: les épiscopaux rigides ne considèrent pas comme frères ceux qui n'ont pas leur discipline ni de succession épiscopale, dont l'absence empêche qu'on puisse parler de véritable Église et de véritable ministère pastoral. Pour leur part les whigs, qui sont les épiscopaux modérés, seraient beaucoup plus disponibles à une telle correspondance mais le problème est qu'ils soutiennent les presbytériens anglais qui, à leur tour, votent whig aux élections du Parlement et pourraient donc craindre de fournir des armes"aux tories contre les presbytériens. Dernier élément à ne pas négliger, l'actuel évêque de Londres [Henry Compton], à qui reviendrait une telle correspondance, est du parti des tories; en outre il est vieux et peu prompt à entretenir de telles relations.

Adresse

[Genève]


Lieux

Émission

Londres

Réception

Genève

Conservation

Genève


Cités dans la lettre

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