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Lettre 1695 de Samuel Werenfels Ă  Jean-Alphonse Turrettini

Bâle 01.05.1706 [Calend.05.1706]

Doleo, Syrraxim in vestro

Werenfels a appris avec chagrin les conflits qui ont éclaté dans l'Église genevoise à la suite des formules utilisées par un ministre [Vial de Beaumont] au moment de signer la Formula. Il a fait preuve d'une grande et louable franchise et il a mieux fait de s'exprimer ainsi plutôt que de violer sa conscience. N'y a-t-il donc jamais parmi eux de gens qui ont des doutes sur certains points et qui suspendent leur jugement sur des questions autrement subtiles et qui divisent les savants? Comb...

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Bâle 01.05.1706 [Calend.05.1706]


Lettre autographe, signée, adressée. (L)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gd.W.3

Budé, Lettres, III, p.415-418. Traduite en français. Omissions. Extrait dans Hermanin, Werenfels, p.110, n.174.


Doleo, Syrraxim in vestro


Werenfels a appris avec chagrin les conflits qui ont éclaté dans l'Église genevoise à la suite des formules utilisées par un ministre [Vial de Beaumont] au moment de signer la Formula. Il a fait preuve d'une grande et louable franchise et il a mieux fait de s'exprimer ainsi plutôt que de violer sa conscience. N'y a-t-il donc jamais parmi eux de gens qui ont des doutes sur certains points et qui suspendent leur jugement sur des questions autrement subtiles et qui divisent les savants? Combien parmi eux peuvent en conscience souscrire la formule habituelle "ita sentio, ita profiteor, ita docebo"? Comment ceux qui estiment qu'il ne faut justement pas porter l'enseignement sur de telles matières mais le concentrer sur les points fondamentaux qui sont comme le pivot de la religion et sur lesquels s'accordent les théologiens protestants, peuvent-ils enseigner certaines choses? JA peut bien voir de quel côté se range Werenfels dans cette controverse. Il a du reste raison de faire la distinction entre la Formula elle-même et la manière de la signer; en effet l'abolition pure et simple du Consensus engendreraient beaucoup de troubles mais, en revanche, il ne faudrait pas exercer de pressions sur la manière de le signer. Cela éviterait qu'il y ait des gens qui s'y soumettent avec hypocrisie et cela n'éloignerait pas du ministère des gens honnêtes qui ne sont pas forcément opposés à ces doctrines mais qui en conscience sont dans le doute. Il ne faut pas éloigner du troupeau du Christ, comme s'ils étaient des loups, ceux que le Christ lui-même appelle, sous le seul prétexte que leurs opinions divergent des nôtres et cela sur des points qui ne sont pas nécessaires. Ce qu'on dit de l'intervention des Cantons alliés n'est qu'un épouvantail. Les Neuchâtelois n'ont jamais eu à se repentir de ne pas avoir souscrit à la Formula et cela sans tenir compte du fait que ce dont il est question ici ce n'est pas son abolition mais la façon de la signer. Werenfels aurait préféré que dans la Compagnie on n'ait rien dit à propos de la situation bâloise. En effet le père de Werenfels [Peter I] n'a jamaise exigé la signature et son successeur [Johann Rudolf Zwinger] a fait de même jusqu'à présent mais il n'existe aucune décision formelle à ce propos. Le père de Werenfels avait été amené à cette position par les propos de l'Électeur de Brandebourg [Friedrich Wilhelm] qui, voulant se réconcilier avec les luthériens, avait écrit [en 1686] aux Cantons réformés qu'on insistait trop sur la grâce particulière, ce qui offensait beaucoup les luthériens. Cela, ajouté au fait que la controverse sur le formulaire s'estompait partout, avait incité son père à ne pas exiger de signature. Il a entendu dire qu'à Berne même la souscription a été admise avec certaines exceptions (comme par exemple la question des points-voyelles) ; alors, pourquoi ne pas l'admettre pour la signature elle-même? Il faudrait que [Johann Rudolf I] Thurneysen n'écrivît pas à Bâle au sujet de toute cette affaire; du reste il devrait retourner sous peu dans cette ville et on lui demandera alors des détails sur ce qui se passe à Genève. Le syndic [Jean-Robert] Chouet pourrait peut-être écrire; ses lettres ont toujours un grand poids. Pour ce qui est de l'opinion des ministres bâlois, Werenfels croit que dans leur majorité ils sont assez proches de la modération de Genève; c'est en effet très dur de n'admettre au ministère personne qui n'ait signé la Formula. L'antistès actuel [Zwinger] est un homme modéré et sage et, si JA désire que Bâle entre dans le débat actuel, il faudra qu'il lui écrive.

Adresse

[Genève]


Lieux

Émission

Bâle

RĂ©ception

Genève

Conservation

Genève


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