1156 Lettres

Lettre 1456 de Philippe Madaillan de Lesparre  à Jean-Alphonse Turrettini

[Genève] av.31.12.1702 [s.d.]

Vous voulez bien... que

Madaillan demande à JA des éclaircissements sur des questions qu'il s'est posées à la lecture de la réponse à l'écrit de son correspondant, qu'il lui a fait parvenir. Tout d'abord JA n'a pas répondu aux reproches que [Jean] Claude adresse, dans une lettre à François Turrettini [Lettre écrite], à l'Église de Genève qui a rajouté de nouveaux articles à sa confession de foi. En deuxième lieu, JA se réfère constamment à la conférence de Marbourg par laquelle il prétend prouver la conformité d...

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[Genève] av.31.12.1702 [s.d.]


Lettre autographe, signée, adressée. Inédite. (F)
Bibliothèque de Genève, Ms fr 488 (f.145-147)


Vous voulez bien... que


Madaillan demande à JA des éclaircissements sur des questions qu'il s'est posées à la lecture de la réponse à l'écrit de son correspondant, qu'il lui a fait parvenir. Tout d'abord JA n'a pas répondu aux reproches que [Jean] Claude adresse, dans une lettre à François Turrettini [Lettre écrite], à l'Église de Genève qui a rajouté de nouveaux articles à sa confession de foi. En deuxième lieu, JA se réfère constamment à la conférence de Marbourg par laquelle il prétend prouver la conformité des calvinistes et des luthériens au sujet de l'eucharistie; mais cela est faux tant du point de vue chronologique que du point de vue des faits puisque dans l'accord de Sandomir il n'a pas été question des calvinistes mais des luthériens, des zwingliens et des frères de Bohème qui se trouvaient en Pologne. Calvin leur écrivit que leur confession de foi ne pouvait pas être souscrite sans danger. Luther aurait parlé avantageusement du traité sur la cène de Calvin. En troisième lieu, JA prétend que l'imposition des mains aux ministres n'est qu'une formalité alors que Jésus-Christ l'a ordonnée expressément et les apôtres l'ont observée religieusement, persuadés que la grâce y est attachée. En quatrième lieu, selon le Symbole des apôtres, la Tradition de l'Église est antérieure à l'Écriture. Il faut dire à ce propos que Madaillan partage ce que l'auteur de la réponse écrit, à savoir qu'il y a une Église, une Écriture et une Loi écrites dans le cœur qui sont plus fortes que tout ce qui est visible et écrit puisque dictées par l'Esprit. C'est cette Écriture là que tous les peuples, même les plus barbares, ont toujours et partout gardée; c'est aussi cette Écriture-là qui contient la doctrine du salut sans chicanes ni subtilités ni mystères. C'est cette Écriture-là qui est la préférable. Comment JA peut-il refuser l'autorité des conciles œcuméniques alors qu'il admet que les troupeaux se soumettent à l'autorité des synodes sous peine d'excommunication? Cela revient en effet à attribuer à ces assemblées, composées d'un si petit nombre de personnes, l'infaillibilité qui est refusée aux conciles, auxquels ont participé les hommes les plus savants du monde, assemblés sous l'autorité d'une succession ininterrompue depuis les apôtres. JA n'ignore pas la vénération que les théologiens protestants ont toujours eue pour les trois premiers conciles que saint Grégoire le Grand recevait comme les quatre Évangiles. Si les Pères du Concile de Nicée avait pu se tromper, la promesse faite par Jésus-Christ à son Église aurait été vaine, comme l'a dit le docteur anglais Bull. Amyraut en parle encore plus fortement dans son traité du gouvernement [Du gouvernement de l'Eglise]. Cette promesse faite aux apôtres a dû passer à leurs successeurs. JA, qui oppose l'autorité de l'Écriture à celle de l'Église, ne croit pas que les conciles soient convoqués par l'Esprit puisqu'ils enseignent des doctrines contraires à la Bible. C'est là la seule raison qui fait dire au correspondant que les conciles ne sont pas infaillibles. JA doit bien voir qu'il ne peut pas soutenir la préférence qu'il donne à l'Écriture et que son opinion relative aux doctrines conciliaires qui seraient contraires à celles-ci ne se base que sur le sens qu'il donne à la Bible. Il faut en effet tenir compte de la façon différente de s'exprimer des Hébreux et il faut bien entendre les métaphores et les allégories dont se servaient les prophètes; il y a du reste beaucoup de contradictions dans ce qu'ont écrit les apôtres eux-mêmes. Pour fonder la séparation des protestants, JA est obligé de soutenir que son explication est la bonne; et c'est cette prétendue infaillibilité qui lui fait croire que Rome n'est pas la véritable Église. Il faudrait que JA se rappelle que, même au temps du plus grand désordre de la synagogue, Jésus-Christ ne s'en est jamais séparé. Calvin lui-même a écrit contre la séparation dans son Institution; il est donc surprenant qu'il ait pu devenir l'"auteur de celle des réformés. C'est pour des raisons autres que la religion qu'il l'a fait; et c'est la même chose pour Genève qui ne s'est séparée que pour pouvoir s'allier avec les Suisses contre le duc de Savoie [Charles III] qui sans cette alliance, s'en serait emparé. Il en va de même pour les autres réformés: les Suisses sont devenus tels pour se soustraire à l'empereur [Karl V], les Hollandais pour se libérer de l'Espagne et les Anglais à cause du chagrin d'Henri VIII d'avoir été excommunié par le pape [Clément VII]. Pour montrer qu'il connaît tout ce que Calvin a écrit contre la séparation, il transcrit ses propres termes. Les protestants reconnaissent du reste l'autorité des cinq premiers conciles et saint Cyprien, qui est un des Pères qu'ils vénèrent le plus, dit qu'il y a beaucoup de mauvais grain dans l'Église mais il n'invite pas à en sortir. C'est à Jésus-Christ que revient la verge du châtiment et c'est Dieu qui séparera l'ivraie du bon grain à la fin des temps; il ne veut pas que cette séparation se fasse sur terre. L'Église réformée est une nouvelle Église qui, de l'aveu même de Calvin dans une lettre à Melanchthon, s'est formée sans aucune continuité avec celles qui ont précédé. Dans une autre épître au même, Calvin dit qu'il ne faut pas que la postérité sache toutes les divisions qui, depuis le début de la Réforme, ont eu lieu parmi les protestants.

Adresse

[Genève]


Lieux

Émission

Genève

RĂ©ception

Genève

Conservation

Genève


Cités dans la lettre

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