Lettre 1368 de Samuel Werenfels Ă  Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe, signée, adressée. (L)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gd.W.3

Extrait dans Hermanin, Werenfels, p.94-95, n.128.

Ego vero obstinatiorem

Werenfels n'a jamais rien vu de plus obstiné que la maladie de JA qui ne veut céder ni à l'air plus pur qu'il respire maintenant ni aux délices de la campagne ni au remède le plus puissant, à savoir la rencontre à trois que JA mentionne dans sa lettre. C'est en effet bien connu: rien n'augmente autant ce genre de pituite que l'excès de philosophie! Peut-être la maladie de JA s'améliorera-t-elle si pendant quelque temps il ne parle que de vendanges et d'autres choses de ce genre. Werenfels regrette de ne pas pouvoir corriger plus amplement sa dissertation De logomachiis mais il n'a pas été possible de changer les fastidieux termes scolastiques en d'autres mieux adaptés au goût de cette époque. JA a approuvé son idée de dédier le livre à l'évêque de Salisbury [Gilbert I Burnet]. Il aimerait beaucoup qu'on le chargeât, soit par autorité publique soit, au moins, par celle d'un homme important, de la fonction de s'appliquer à la réconciliation des protestants; cela lui donnerait davantage de liberté de juger des controverses qui divisent ceux-ci et notamment de celles qui concernent la grâce et la prédestination qui agitent plus que de nécessité les deux parties. Werenfels espère que l'autorité du prélat anglais à qui l'ouvrage est dédié renforcera le poids de ses arguments en faveur d'une réconciliation des protestants. Il ne sait pas combien d'exemplaires l'imprimeur [(Johann) Hendrik] Wetstein réservera pour l'évêque. Werenfels estime que la théologie n'a pas besoin des disputes sur la prédestination ou les décrets de Dieu. On peut chercher deux choses 1) ce que Dieu a décrété concernant le salut des hommes et 2) dans quel ordre ces décrets doivent être reçus par nous. La dernière question concerne la méthode et la première est inutile puisque Dieu n'a rien décrété qu'il ne veuille encore et dans le temps. Il suffit donc de décider des questions comme par exemple celle qui veut savoir ce que Dieu fait dans le temps pour le salut de l'homme. De cette manière tout se ramène à une seule question, celle de la possibilité ou pas de résister à la grâce; la grâce ordinaire est-elle efficace en elle-même en sorte qu'un sujet qui en est touché ne peut pas résister à la conversion? C'est pour Werenfels la seule question qu'il admette dans la controverse avec les luthériens. Il exprime à JA ses vœux pour sa santé.

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