Lettre 585 de Barthélemy Micheli du Crest à Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe, signée. Inédite. (F)
Bibliothèque de Genève, Ms fr 488 (f.260-261)

Nous avon appris... par votre

On a appris de JA, par sa lettre du 6 janvier, qu'il était bien arrivé à Cambridge où il a l'intention de rester quelques semaines. Il devrait maintenant être probablement de retour et songer sérieusement à son passage. Dès que le temps se sera mis au beau, il devra saisir la première occasion favorable. [Germain] Colladon se dispose à venir à Genève et JA et lui pourraient faire une partie du voyage ensemble. JA dit que [Nicolas] Fatio de Duillier, las des mauvais effets de l'Angleterre à son égard, songe à revenir. Il pourrait aussi faire un compagnon de voyage dont JA apprécierait la compagnie. Il se peut que la nouvelle qu'il aura entre temps reçue du décès de sa mère [Catherine], le décide au voyage. Il est vrai, comme le dit JA, que, si la chaire de philosophie était attribuée à Fatio, elle serait remise à l'honneur. Mais il sait malheureusement comment vont les choses à Genève où l'intérêt personnel a toujours le dessus sur le bien public. Et puisque l'élection de Fatio contrerait les intérêts de plusieurs personnes, il ne faut pas espérer qu'on fasse quoi que ce soit en sa faveur, comme par exemple une vocation. Il faut venir et disputer avec les autres, ce qu'il considérerait probablement comme au-dessous de lui. Micheli en a parlé avec certains amis de JA qui verraient la chose comme un honneur pour l'Académie mais qui sont également convaincus qu'il faudrait passer par la dispute. Aux candidats que Micheli a déjà autrefois nommés [Jean-Antoine Gautier et François I Mestrezat], il faut ajouter [Jacques] Sarasin et, sans le péché originel, [Étienne] Jallabert aussi pourrait être en lice. Le recteur [Bénédict Pictet] presse Messieurs pour qu'on puisse ouvrir la repourvue mais il n'a pas encore reçu de réponse; rien ne devrait se faire avant les promotions. Il y aura aussi à repourvoir l'Église de Jussy qui a perdu en peu de jours le bon ministre et ami de JA, [Jacques I] Flournoy. On a aussi perdu à Montpellier le pauvre Ravier que toute la science de [Charles] Barbeyrac n'a pas pu sauver. En sentant la mort approcher, il a écrit des lettres fortes et héroïques à sa mère et à ses amis. On perd en lui un fort honnête homme et un bon ami. [Élisabeth] Andrion, qui a 80 ans, a eu une attaque d'apoplexie à laquelle elle résiste depuis quelques jours mais ce sera une perte considérable. Le jeune [Barthélemy] Huber, mari de demoiselle [Andrienne] Pictet, est mort à Lyon; sa veuve est revenue avec un gros héritage; elle est un bon parti. Il n'y a rien de spécial pour les nouvelles publiques, ni en Piémont ni en Suisse, sinon que quelques traîtres ont été exécutés à Turin. Tous les amis de JA lui envoient leurs amitiés, en particulier [Antoine I] Léger et d'Iberville qui a une véritable estime pour JA, comme il l'a réitéré lors de la dernière promenade que lui et Micheli ont faite ensemble. Il demande à JA de solliciter Saint-Évremond, qui est de ses amis, de donner une version correcte de ses ouvrages et marquer si parmi toutes les pièces il y en a qui ne sont pas de lui.

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[Londres]

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Londres

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Genève

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