134 Lettres

Lettre 556 de Barthélemy Micheli du Crest à Jean-Alphonse Turrettini

Genève 23.12.1692 [13.12.1692]

Nous n'avons point eu

On n'a plus eu de nouvelles de JA depuis la lettre du 15 novembre; il semble que les vents contraires retiennent les paquebots. Si le temps s'est radouci en Angleterre comme à Genève, JA pourra aller revoir les académies qu'il n'a fait qu'entrevoir jusqu'à présent. Micheli pense qu'il ne devrait pas y faire un long séjour mais tâcher de rester le plus possible à Londres. Il est quand même un peu intéressé en disant cela parce que tous sont avides de nouvelles concernant les affaires publiques ma...

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Genève 23.12.1692 [13.12.1692]


Lettre autographe, signée. (F)
Bibliothèque de Genève, Ms fr 488 (f.252-253)

Budé, Lettres, II, p.309-311. Omissions.


Nous n'avons point eu


On n'a plus eu de nouvelles de JA depuis la lettre du 15 novembre; il semble que les vents contraires retiennent les paquebots. Si le temps s'est radouci en Angleterre comme à Genève, JA pourra aller revoir les académies qu'il n'a fait qu'entrevoir jusqu'à présent. Micheli pense qu'il ne devrait pas y faire un long séjour mais tâcher de rester le plus possible à Londres. Il est quand même un peu intéressé en disant cela parce que tous sont avides de nouvelles concernant les affaires publiques mais aussi de tout ce qui touche à JA, ses lectures, ses fréquentations, ses occupations etc. On lit ici les Mémoires de Temple, les dernières œuvres de Saint-Évremond (Paris, 1692) dont on dit qu'il est mort. On ne doute pas que JA fasse provision de tout, qu'il soit plus au courant pour ce qui concerne les livres et qu'il les envoie à la maison. Il a été fâché de la mort du colonel [Jean-Baptiste] Stoppa qui aurait pu être très utile à JA. [Jean] de Saconay, qui a été ici ces jours passés, et qui a été près de Stoppa pendant sa maladie, a rendu hommage à sa mémoire, en louant la façon dont il a résisté à toutes les tentations et sollicitations qu'on lui a faites de la part de la Cour. Il a attendu la mort avec une grande fermeté et une profonde piété. Micheli prie de dire tout cela à l'évêque de Salisbury [Gilbert I Burnet] qui a eu autrefois de l'estime pour cet homme. Micheli ne sait pas très bien quel a été le résultat de la Diète des Suisses; il sait seulement que l'envoyé [de Neveu] de l'empereur [Léopold I] en est parti mécontent et qu'on menace d'arrêter toutes les marchandises de ce pays qui passeront par l'Allemagne. Il a toujours cru que ce n'était pas par les voies de fait que l'on ramenait cette nation. Il faut les attirer par des bienfaits. On dit que Berne donnera un régiment aux Vénitiens. La grande misère où est le plat pays fait qu'on y trouvera facilement des soldats. Le duc de Savoie [Victor-Amédée II] a toujours aussi peu de santé. Il est resté dans le pays encore beaucoup de troupes allemandes, à cause des très nombreuses troupes françaises stationnées en Provence et en Dauphiné. À Genève, tout est tranquille; on a fêté l'Escalade la veille et, malgré la grande misère, il n'y a jamais eu autant de fêtes. Il n'y a pas de vacance au Conseil mais on croit qu'[Ami Chapeaurouge-] Dauphin se déchargera et qu'il faudra faire un syndic, ce qui ne se fera pas sans de grandes brigues car il y a longtemps qu'il n'y a pas eu de porte ouverte. Mais il y a un grand empressement pour entrer dans le Deux-Cents où l'on veut ajouter une trentaine de places; Germain Colladon devrait y entrer parmi les premiers. Micheli croit qu'on enverra à JA un mémoire de de Mausac concernant feu de la Razigade [I] dont JA n'a pas fait mention de la mort, quoique tragique; son frère [de la Razigade II], qui est en France, voudrait bien savoir où sont ses effets. Le défunt lui avait en effet écrit qu'il avait donné tous ses papiers à deux ministres de ses amis. On n'a encore rien décidé pour la chaire de philosophie. [Antoine I] Léger a demandé d'être déchargé de la prédication italienne, assumée par interim par [Marc] Micheli. Les mariages de [Barthélemi] Pellissari et de [Jacques] de Mazel sont renvoyés aux mois prochains; le premier vit dans la maison de [Jean-Robert] Chouet où loge sa maîtresse [Renée Burlamaqui] et où il sera assez mal, l'autre s'est installé chez Madame Laurent, dans le voisinage de la maison de JA. Pour finir, Micheli fait état d'une cabale, non pas chimérique comme celle de Jurieu, mais bien réelle, et qui fait honte au pays. Il s'agit d'une fourmilière de voleurs et de brigands, établie dans la plaine du pays, depuis la forêt de Nyon jusqu'au Jura; ils agissaient par petits groupes, attaquant et assommant des passants sans défense. Ce ne sont pas des gens pauvres mais bien des hommes affamés du sang de leurs victimes plutôt que de leur bourse car la plupart de ceux qui furen"t tués n'avaient même pas de quoi se faire enterrer. La chose est longtemps passée inaperçue dans la mesure où les victimes n'étaient pas des habitants du pays mais des réfugiés dont on pouvait penser qu'ils avaient quitté les lieux. Un mercier échappa à leurs mains mais y perdit sa balle. Il retrouva son voleur quelques temps après, lorsque celui-ci apporta son larcin au marché de Lausanne pour le vendre. Déféré aussitôt au Magistrat, il a été appréhendé et interrogé; il a donné les noms de ses complices dont on a eu arrêté une quarantaine et déjà roués vifs une vingtaine. Toute cette histoire montre bien la férocité du pays. On n'a reçu aucune nouvelle de [Jean-Antoine] Dautun.

Adresse

[Angleterre]


Lieux

Émission

Genève

RĂ©ception

Angleterre

Conservation

Genève


Cités dans la lettre

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