Lettre 549 de Barthélemy Micheli du Crest à Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe, signée. Inédite. (F)
Bibliothèque de Genève, Ms fr 488 (f.247-248)

Nous n'avons point eu

On n'a pas eu de lettres de JA, l'ordinaire passé, et celle de l'ordinaire précédent était bien courte. Il est vrai qu'elle était remplie par la harangue qu'elle contenait. Mais cela ne suffit pas en ces temps où un Parlement décide du sort de l'Europe et dans une ville remplie de grandes fêtes. Dans de telles circonstances, pourquoi JA ne veut-il pas noircir une demi-page par semaine, ne serait-ce que pour donner des nouvelles des amis? Mais JA hait les longs propos et voudrait guérir sa famille de ses trop longues lettres. Ils sont tous content de voir que, malgré la saison, sa santé se rétablit et que le lait d'ânesse lui convient. Micheli aimerait seulement que JA suivît ses remèdes jusqu'au bout, gardât la chambre, ne s'échauffât point etc. Il faut qu'il se rappelle qu'il est d'une nature délicate et qu'il doit faire tout spécialement attention à sa santé, notamment quand il n'est pas chez lui. Parmi les affaires domestiques dont peut-être JA n'est pas informé, il y a celle qui concerne sa mère qui fait le mariage de la cousine [Catherine] Chauvet avec [Jacques] de Mazel, un vieil officier français retiré de son pays depuis deux ans. En France, il avait épousé la nièce d'[Antoine] Arnaud et, par elle, il était entré en possession de la terre de Fontaine-Française. Sa fille [Claudine de La Charce], qui en est aujourd'hui la maîtresse, a épousé le marquis de La Charce. Quoi qu'officier de réputation, on l'a négligé et on a même essayé de le rendre suspect à cause d'un frère pourvu d'une charge éminente en France [Pierre]. Il promet de faire voir beaucoup de bien; pour l'instant, il a beaucoup dépensé pour s'installer et vit honorablement. Il serait néanmoins préférable d'attendre jusqu'à ce qu'il ait montré les effets de ce qu'il avait promis, ce qu'il n'a pas encore fait. L'hiver n'est pas la saison des nouvelles: [Le Prestre] de Vauban est en Dauphiné en train de réfléchir à la meilleure façon de rendre cette frontière, longue et étendue, imperméable aux efforts des ennemis. Catinat est allé à la Cour prendre ses ordres pour la prochaine campagne. En Piémont, tout est paisible, les Allemands sont allés en Italie et on laisse Pignerol tranquille. On se serait attendu à un bombardement de Pignerol qui, du reste, aurait pu se faire impunément. On dit que le duc de Savoie [Victor-Amédée II] s'y est opposé. On ne sait encore rien des résultats de la Diète de Baden: l'ambassadeur de France [Amelot] et l'envoyé de l'empereur [de Neveu] y font de leur mieux; Casati et [Philibert] Herwart y font tenir leurs mémoires, mais rien ne pourra ébranler la neutralité. Rien encore n'a été établi pour la chaire de philosophie et il semble qu'on ne fera rien jusqu'aux feries. [Jean-Antoine] Gautier, et par sa science et par le crédit de son père [Pierre], pourrait bien devenir professeur. [Ami Chapeaurouge-]Dauphin, semble-t-il, résignera sa charge de premier syndic à cause de ses grandes incommodités. Ravier souffre de son mal habituel à Montpellier. On verra si [Charles] Barbeyrac l'en tirera à meilleur marché qu'il n'a fait ailleurs. Plusieurs amis de Genève demandent des nouvelles de JA et tout le monde aimerait en avoir de ceux de Londres.

Adresse

[Angleterre]

Commentaire

Avec trois lignes de la main de Marie I Turrettini et quatre lignes de la main de Bénédict II Turrettini.

Lieux

Émission

RĂ©ception

Angleterre

Conservation

Genève

Cités dans la lettre