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Lettre 410 de Samuel Ravier à Jean-Alphonse Turrettini

Genève 15.03.1692 [05.03.1692]

Enfin me voici

Samuel Ravier est arrivé à Genève sain et sauf. Dans sa hâte de revenir pour voir sa mère (dont l'état de santé est meilleur qu'il ne l'avait craint), il n'a pas pu répondre à la lettre de JA, reçue à Paris. La famille de ce dernier lui a fait bien des civilités et lui a dit que JA devait soutenir ses thèses à Leyde. Ravier imagine qu'il le fait pour faire plaisir à ses parents, car il ne voit pas l'utilité de la démarche. On crie au miracle à Genève à l'occasion des sermons que JA a rendus à Ro...

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Genève 15.03.1692 [05.03.1692]


Lettre autographe, adressée. Inédite. (F)
Bibliothèque de Genève, Ms fr 493 (f.252-253)


Enfin me voici


Samuel Ravier est arrivé à Genève sain et sauf. Dans sa hâte de revenir pour voir sa mère (dont l'état de santé est meilleur qu'il ne l'avait craint), il n'a pas pu répondre à la lettre de JA, reçue à Paris. La famille de ce dernier lui a fait bien des civilités et lui a dit que JA devait soutenir ses thèses à Leyde. Ravier imagine qu'il le fait pour faire plaisir à ses parents, car il ne voit pas l'utilité de la démarche. On crie au miracle à Genève à l'occasion des sermons que JA a rendus à Rotterdam. On le qualifie de prodige; c'est du moins le terme qu'on utilise lorsqu'on écrit ici. Ces prédications lui ont valu d'être régalé tous les jours. Certes, JA préfèrerait sûrement que les gens s'amendassent en les entendant mais c'est déjà mieux que rien. Ravier transmet à son ami les salutations d'[Enemonde Marsanne] de Fontjulianne. On est toujours prévenu ici contre sa sœur [Madame de Hauterive (?)], bien que ce soit sans raison. Ravier écrira une fois à JA le détail de toute l'affaire, mais peut-être sait-il déjà que la demoiselle est toujours en France et qu'elle a engagé son oncle à lui donner 4'000 louis. Ravier n'a pas encore eu le temps de voir [Jacques] Chenaud et [Étienne] Jallabert à loisir. Il s'était renseigné en France sur le livre de Pellisson [Réflexions sur les différends de la religion] mais on n'en avait pas entendu parler. Il se peut qu'il ne soit pas encore imprimé ou pas encore très répandu. Même chose pour celui d'[Antoinette] Des Houlières [Epître chagrine]. Il a chargé un ami de les lui envoyer dès leur parution. Il en écrira par la suite à JA car il serait étrange qu'il pût les voir là où il est. Si par hasard le livre de Pellisson n'est pas trop gros on pourra le lui envoyer de Paris. Il paraît, dans cette ville, un nouveau livre du malheureux [Aubert] de Versé, intitulé L'Antisocinien, mais Ravier ne l'a pas encore vu. Bien des gens à Paris croient Bayle coupable. Il y a dans la nouvelle édition de l'Avis [Paris, 1692], un privilège pour la veuve de celui qui en avait commencé l'impression. Or, si le mari avait eu un privilège, pourquoi ne pas le faire tenir à sa veuve? Jurieu a donc probablement eu raison de contester le privilège qui paraissait à la tête des deux feuilles de l'avis qu'on avait envoyé en Hollande. À Genève, on croit que Bayle est l'auteur de l'Avis, mais on ne le juge pas pour cela plus malicieux; seulement peu prudent. C'est du moins l'avis de [Jean-Robert] Chouet. Ravier n'a pas encore vu [Bénédict] Pictet. On lui a dit qu'il entreprend un traité de morale... mais de quoi se mêle-t-il donc? Ce traité aura un aussi grand débit que ses Entretiens. Ce monsieur se croit capable de tout parce que deux ou trois laudateurs impertinents l'applaudissent. Ravier prie JA de lui écrire souvent; cela le consolera de son absence et son ami peut compter sur sa discrétion. Il écrira bientôt à [Antoine II] Saladin. [François Poulain] de La Barre envoie ses salutations à JA. Il travaille beaucoup sans gagner grand-chose. Ravier ne croit pourtant pas qu'il lui serait facile de s'établir ailleurs. Si toutefois JA voyait quelque place à Utrecht, Leyde ou ailleurs, susceptible de lui convenir, il faudrait qu'il en parlât à quelqu'un. Il serait avantageux pour ces villes d'avoir une personne qui, comme à Franeker, enseignât publiquement le français. Il faut aussi se dire que si telle devait être la décision en ces lieux, il est bien probable qu'on s'adresserait à d'autres qu'à La Barre. Ravier demande conseil à JA pour aider ce pauvre homme qui se tue à Genève sans avancer de beaucoup. Il adresse ses compliments à [Étienne] Chauvin et à [Barthélemy] Franconis.

Adresse

Rotterdam


Lieux

Émission

Genève

Réception

Rotterdam

Conservation

Genève


Cités dans la lettre

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